RDC. P. O. Cliniques KVO: Interview avec le Dr Abissa

Dr Joseph Abissa:”KVO donnent 10 000 moustiquaires et  plus de 400 000$ de soins aux familles d'enfants souffrant de malaria ” version anglaise

Les cliniques KVO sont installées dans l'un des quartiers les plus pauvres de la commune de Mangobo. Dr Abissa, y reçoit l’équipe du journal Karibu dans son cabinet. Il parle de la lutte contre la malaria que, depuis 2010,  l’organisation apporte à plus de 40 000 enfants de 0 à 5 ans. Il est à la fois directeur national de la KVO et médecin directeur des cliniques qui portent le même nom. A l'origine de l'aide, la contribution de solidarité sur les billets d'avion en Corée intaurée par l'Etat coréen qui prélève une somme d'argent sur chaque billet d'avion. Le versement mensuel de cet argent permet à KOICA, agence d'investissement de l'Etat, de financer un certain nombre d'organisations dont KVO.

Journal Karibu: Qu’est-ce que c’est les cliniques KVO ?

Les cliniques KVO sont le fruit de l’aide humanitaire apportée par la coopération Corée du Sud à la RDC. Voulue par le Président Joseph Kabila dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et le paludisme. Institutionnalisée comme organisme en 1988, la KVO, Korea Volunteer Organization arrive en Afrique avec 2 000 000$ (variable) d’aide annuelle au Kenya, à l’Ethiopie, au Ghana, au Sud Soudan et en République Démocratique du Congo. L’aide dont la plus grande part revient à la RDC porte essentiellement sur la lutte contre la pauvreté et le paludisme au profit des enfants de 0 à 5 enfants de Kisangani. Elles aussi visées, les femmes enceintes doivent attendre d’être prises en charge, d’ici février 2013, au terme de la construction des cliniques. KVO travaille à Kisangani depuis août 2010.

JK: Apparemment, vous ne faites que soigner la malaria...

Dr JA: La lutte contre la malaria se fait, d’abord, par la prévention avec la distribution de 10 000 moustiquaires imprégnées d’insecticides en 2012, dix mille autres restants avant fin 2013. Ensuite, par la prise en charge de plus de 40 000 enfants. Ils sont gratuitement consultés, examinés au laboratoire, fournis en médicaments et soins médicaux pour un coût estimé entre 15 et 20$. Soit plus de 400 000$ de dépenses évitées aux familles pauvres. Je tiens à préciser que les soins sont assurés dans nos cliniques suivis des conseils sanitaires aux mères. KVO prend aussi en charge, en plus de la malnutrition, d’autres maladies opportunes de la malaria telles que la diarrhée, les infections de la peau, vraiment comme dans une clinique pédiatrique par excellence, mon expérience auprès de grands pédiatres aidant. Et enfin, pendant 30 minutes d’éducation sanitaire une fois la semaine, les mères apprennent à comprendre la malaria comme telle et non comme des convulsions prises pour des manifestations démoniaques orchestré par le sorcier.

JK: Qu’en est-il des activités de KVO dans les autres communes ?

Dr JA: Le programme  vise trois communes de la ville de Kisangani. Pour le moment, les activités ne sont menées qu’à Mangobo.  Les communes de Kisangani et de Makiso viendront après. Comprenez que, trop exigue, la maison de location où se trouvent les cliniques ne peut accueillir beaucoup de monde. Nous sommes toutefois obligés d’accueillir les malades de toutes les six communes  de la ville.

JK: Qu’avez-vous fait pour drainer du monde ?

Dr JA: La Radio Télévision Nationale Congolaise, la Radio Télévision Amani et la Radio Télévision pour Développement Intégral nous ont beaucoup aidés à faire connaître l’action de KVO, sans oublier les églises et les écoles. C’est  le cas des écoles méthodistes, Bobokoli, Kishiba et des femmes de l’église DTM (Dieu tout pour moi). 

JK: Cas même il faut une action concertée avec les programmes de lutte existant...

Dr JA: Nous négocions l'intégration avec le PNLP et le Pronanut. Avec le PNLP, programme national  de lutte contre le paludisme, pour redynamiser le secteur, notamment par la distribution éventuelle de 10 000 moustiquaires impregnées d'insecticide dont l'achat est planifié avec l'appui de KOICA, agence coréenne de coopération internationale. Avec le Pronanut, programme national de nutrition, pour lui donner les moyens financiers de lutter contre la malnutrition des enfants.

 

JK: Qu’y a-t-il d’original dans la lutte de Korea Volunteer Organization contre le paludisme?

Dr JA: Les cliniques KVO sont les premières de l’histoire de la commune depuis 50 ans d’indépendance. Un programme de lutte contre le paludisme  avec l’appui de la communauté internationale d’émanation et d’application sur place à Kisangani, et de surcroît dans la commune de Mangobo, à 5 km du centre ville, dans l'un des quartiers les plus pauvres, à 3 000 km de la capitale Kinshasa, contrairement à d’autres programmes qui, comme le PNLP, le Pronanut, la Santé Maternelle, se conçoivent et s’exécutent de là. KVO, Korean Volunteer Organization, bouscule vraiment les habitudes. Cependant, nous envoyons régulièrement nos rapports à l’administration de l’Etat à travers la Division Provinciale de la Santé.

JK: L’administration de l’Etat vous soutient-il ?

Dr JA: KVO a le soutien du Bourgmestre de commune, de la Police, de l’Armée, de la population contribuent à la sécurité des activités KVO situées aux fins fonds de la commune de Mangobo, réputée pour une jeunesse violente outre mesure. Nous avons toujours en contacts permanents avec le médecin inspecteur provincial, le médecin chef de zone, la DGM (direction générale des migrations), le ministère provincial de la santé, du plan, avec le gouverneur. Par exemple, la campagne de distribution des moustiquaires s’est faite aprèsl’autorisation de l’autorité.

JK: Pensez-vous que le message contre la superstition est compris?

Dr JA: Je pense que oui. Puisque l'enfant aussitôt soigné, aussitôt guéri, au fil du temps, les pasteurs et les féticheurs perdent la confiance des mères. Petit au départ de programme, le nombre des enfants malades de malaria a augmenté comme je l’ai dit. Pour nous, les consultations du médecin prennent le pas sur la superstition. Ah oui ! Même sans l’aveu des mères, la pauvreté eut pu aussi justifier la sorcellerie.

JK: KVO abat un travail de titan, sans doute avec une très grande équipe ?

Pas du tout. Nous sommes une dizaine ici. La coordination internationale KVO est établie à Séoul en Corée du Sud, la coordination nationale à Kisangani où je suis coordonnateur nationale. L’équipe dirigeante est constituée de moi, congolais, de deux Assistants au Programme Sud-coréens, Hui-Cheol Sin et Myoung-Gil Choi.

JK: Perspectives ?

Dr JA: En plus des femmes enceintes, d’ici fin projet en novembre 2013, cap 50 000 enfants. La continuité se profile dans la construction de l’hôpital qui s’achève bientôt. La Corée du Sud pourrait aussi bien prolonger l’aide humanitaire à la RD Congo. Tout comme la KVO pourrait céder cet hôpital pour cent ans, qui sait, soit à un organisme privé crédible, soit à l’Etat congolais.

JK: Entre nous, pouvait-on s’imaginer un jour la coopération Corée du Sud – RDC, deux pays presqu’à l’extrême du monde l’un de l’autre ?

Dr JA: Bon ! Si l’alliance RDC – Corée du Sud est scellée, c’est grâce à la Sœur catholique Sud coréenne Choi, directrice Afrique de KOICA (Korea International Cooperation Agency (KOICA) - 한국국제협력단. A sa demande, Mgr Marcel Utembi, Archevêque de Kisangani, lui a proposé ma personne en raison de mon expérience auprès des pédiatres de renom comme Dr Ngonda et Alworonga. Ce qui ajoute beaucoup à ma spécialité de dermatologue et d’interniste.

Propos recueillis par Jean Fundi Kiparamoto

Date de dernière mise à jour : jeudi, 04 juin 2020