Le Ndombolo, qui hante mes créations depuis quelques années
Fille bâtarde de la rumba, des rythmes traditionnels, des fanfares des dimanches à l’église et du funk/ Sex machine, maquée par les brasseries locales (tel chanteur sera Primus, sera Skol ou ne sera pas), la pop congolaise déverse des trésors d’énergie lors de morceaux sans fin… Les concerts vous convient à 21 heures, n’y venez pas avant minuit, mais soyez prêts à rester jusqu’au petit matin… quand les transports reprendront dans Kin endormie.
Alors, on écoute du son, du gros son bien saturé, les morceaux que l’on connaît par coeur, on boit, de la bière bien sûr (Primus ou Skol, toujours la même histoire…), on croque des brochettes, on drague, on danse. Les musiciens vont et viennent sur scène ou à côté… et chantent leur propre gloire, le pouvoir, la beauté, les belles femmes et les belles choses, les fringues griffées, les voitures de marque… une vie rêvée, celle des séries télé et des clips américains de R&B. Comme si tout coulait de source dans un pays où tout est à reconstruire chaque matin…
Alors pourquoi ne pas utiliser l’énergie extraordinaire des guitares et des voix, non pour entretenir des rêves aussi minces que les mouchoirs en papier bas de gamme vendus dans les rues de Kinshasa et qui se désagrègent sur les fronts en sueur, mais pour dire les difficultés, les impasses, les erreurs, le bien pauvre legs de nos pères…
Je pense à l’énergie des mouvements punks dans l’Europe ou les Etats-Unis des années 70 et 80… Comment des jeunes se sont emparés de la musique pour tout casser dans une société décrétée sans futur…
Difficile pour nous de refuser un futur que nous n’avons jamais eu, difficile de casser encore plus notre tas de ruines, mais juste rêver les pieds dans la terre, construire sur ces ruines un peu plus de futur…