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Sécurité alimentaire, élevage des poules pondeuses et coopérative de savon : concertations entre le CIFOR-ICRAF et ses partenaires

Le samedi, 20 juillet 2024 à 15:29

Dans Environnement/Biodiv

Kisangani, Faculté des Sciences de l’UNIKIS, 18 juillet 2024. — Les sujets abordés, à savoir l'élevage de poules pondeuses, la création d'une coopérative de savon et la sécurité alimentaire, ont été exposés à un groupe de spécialistes issus de divers domaines : presse environnementale, agriculture, pêche et élevage, aquaculture, agroforesterie, fabrication de savon, nutrition, épidémiologie et médecine vétérinaire.

Dans son discours de bienvenue, Fai Collins, responsable de sensibilisation au CIFOR-ICRAF, a encouragé les participants à formuler toutes les critiques nécessaires pour améliorer le travail de son organisation dans le paysage de Yangambi. Traditionnellement, l'atelier commence par une allocution de bienvenue suivie d'une présentation du contexte et des filières d'activités inscrites à l'ordre du jour.

 « Les activités présentées font partie d'un plan établi par le CIFOR-ICRAF pour lutter contre la déforestation et la dégradation forestière dans le paysage de Yangambi. Pour illustrer notre propos, voici les cartes montrant l'évolution du paysage : verdoyant en 2000, légèrement jauni en 2010 et presque entièrement jaune en 2021. » — Fai Collins, responsable de sensibilisation à CIFOR-ICRAF.

Présentations, témoignages et échanges

Kisangani, 18 juillet 2024. Amanda-Grâce Ulyel, Experte Junior/CIFOR en concertation CIFOR-ICRAF et partenaires.

Autonomie des femmes

Amanda-Grâce Ulyel, Experte Junior/CIFOR, a illustré, avec photos et chiffres à l'appui, les « activités d’élevage de poules pondeuses au bénéfice des femmes de Yanonge et Yangambi ». Ces initiatives visent à améliorer les techniques d’élevage, la collecte de fientes pour l’agriculture maraîchère, l’organisation d’associations féminines en entités légales, ainsi qu’à améliorer l’alimentation humaine et aviaire. Les objectifs incluent aussi la durabilité de l’élevage et la formation des associations à la gestion de leurs activités.

 « Depuis le lancement en avril 2024, les résultats sont encourageants : trente-cinq associations et mille femmes ont été sensibilisées aux bénéfices de l’élevage de poules pondeuses. Cinq associations féminines sont accompagnées par le CIFOR-ICRAF en entreprenariat, gestion financière et élevage. Trois cent cinquante femmes ont été formées à la gestion d’un poulailler. Un vétérinaire local a été recruté. Les éleveuses ont produit mille œufs, tous consommés localement. » — Amanda-Grâce Ulyel, Experte Junior Agroforesterie/CIFOR

En réponse aux questions des participants, Amanda a précisé que l’accompagnement des cinq associations est une phase expérimentale avec des objectifs scientifiques. À long terme, les résultats détermineront l’extension éventuelle de ce modèle. Elle a aussi souligné l’importance de former les éleveuses aux premiers soins plutôt que de multiplier les intervenants.

Coopérative de savon à Yanonge, carrefour stratégique

À Yanonge, à 62 km en aval du fleuve Congo, à l'ouest de Kisangani, un projet de coopérative de savon a pris racine. Yves Abwamba, l'expert en charge, a présenté le projet sous le titre « l’état d’avancement de mise en œuvre d’une coopérative de savon à Yanonge. Il a expliqué pourquoi Yanonge a été choisie plutôt que Kisangani ou Yangambi.

Kisangani, 18 juillet 2024. Yves Agwamba, Expert Junior/CIFOR en concertation CIFOR-ICRAF et partenaires.

« Yanonge est un carrefour important. C’est la porte vers plusieurs villages et des cités comme Isangi et Yangambi. Je ne vois pas seulement le potentiel de production d’huile de palme de Yanonge, mais aussi celui de toute la région. Il y a assez d’huile de palme pour soutenir une savonnerie. » — Yves Agwamba, Expert Junior/CIFOR

Le projet, lancé en mars 2024, vise à produire du savon localement, réduisant ainsi les coûts et augmentant les revenus des habitants. Cinquante membres, sélectionnés parmi les producteurs locaux expérimentés, participent à cette initiative. Le projet a également bénéficié de l’appui des structures locales comme Matumaini (« espoir » en swahili) et Baro.

Kisangani, 18 juillet 2024. Prof. V. Buhendwa en concertation CIFOR-ICRAF et partenaires.

Alimentation diversifiée durable

Le professeur Victor Buhendwa, directeur d'EMSuDe-RDC et ONG partenaire du CIFOR, a présenté le projet Nutriscapes – Yangambi. Commencé en juin 2024, le nouveau projet est ainsi une initiative d’intervention nutritionnelle visant à résoudre les problèmes d’alimentation identifiés à Yanonge et à Yangambi lors des enquêtes nutritionnelles diligentées par le CIFOR-ICRAF. Ces enquêtes ont montré une forte prévalence de la malnutrition, retardant la croissance des enfants dans un contexte d’insécurité alimentaire élevée.

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EMSuDe-RDC : Entraide Multisectorielle pour la survie et le développement en RDC.

Le projet Nutriscapes se déploie en trois phases principales :

La première phase consiste à générer des données cruciales. Il s'agit de collecter des informations sur la production alimentaire locale, la collecte de nourriture sauvage et les régimes alimentaires pour identifier les aliments de saison et adapter les protocoles nutritionnels au contexte local. De plus, il est essentiel de valider les préférences des communautés pour les espèces d’arbres et de cultures alimentaires afin de répondre à leurs besoins nutritionnels et économiques.

La deuxième phase, axée sur la mise en œuvre des interventions, prévoit la collaboration avec la communauté pour développer des plans d’action en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Il s'agit aussi de personnaliser un ensemble d’arbres et de cultures alimentaires pour promouvoir une diversité d’aliments nutritifs tout au long de l’année. Des campagnes de sensibilisation seront menées pour améliorer la connaissance en nutrition, insistant sur l’importance de la diversité alimentaire et les meilleures pratiques d’alimentation.

La troisième phase se concentre sur le renforcement des capacités, l’engagement, la communication et les partenariats. Cela implique de renforcer les compétences des jeunes scientifiques à travers les bourses Nuri-scapes, ainsi que le développement professionnel des agents des ONG et du gouvernement. Les groupes communautaires, les ONG et le gouvernement bénéficieront également de formations sur la collecte de semences, la production de matériel génétique de qualité et l’agroforesterie.

Un avenir prometteur

Le professeur Buhendwa, également enseignant à la Faculté de Médecine de l’Université de Kisangani, a exprimé sa confiance dans la réussite du projet :

 « Les habitants savent qu’ils manquent de nourriture. Le fondement de la sécurité alimentaire, c’est la disponibilité et l’accessibilité des aliments. Ils n’ont pas toujours ces deux choses. Notre rôle est de les aider à changer leurs habitudes alimentaires en utilisant des stratégies pour les motiver. » — Pr. Victor Buhendwa, Directeur ONG SUD

Le CIFOR-ICRAF contribue significativement au projet en fournissant du personnel et des moyens financiers. Le professeur Buhendwa, en tant que spécialiste en nutrition, joue un rôle clé dans la définition des stratégies de mise en œuvre.

En outre, le projet prévoit de familiariser les présentateurs de radio locaux avec ces sujets et de soutenir des formats interactifs comme les émissions avec des appels d’auditeurs. Des blogs, articles et contenus sur les réseaux sociaux seront produits pour informer les acteurs régionaux, nationaux et internationaux des interventions et de leur potentiel d’extension. Les résultats seront présentés aux principaux acteurs lors d’événements de partage de connaissances, mettant en lumière les leçons apprises et le potentiel de réplication

Approche multisectorielle

Il faut noter que toutes les activités menées par le CIFOR-ICRAF dans le paysage de Yangambi illustrent une dimension multisectorielle en intégrant l'agriculture, la foresterie, la sécurité alimentaire, la nutrition, l'entrepreneuriat et la gestion des ressources naturelles.

Elles comprennent la production de savon, l'élevage de poules pondeuses, l'agroforesterie et l'accès à l'eau potable. Ces initiatives combinent des interventions économiques, environnementales et sociales pour améliorer les moyens de subsistance, réduire la déforestation et promouvoir un développement durable.

En agissant sur plusieurs fronts simultanément, elles créent des synergies bénéfiques pour les communautés locales et les écosystèmes forestiers en ce sens que :

Les activités économiques alternatives telles que la production locale de savon et l’élevage de poules pondeuses, les communautés locales sont moins dépendantes de l’exploitation forestière pour leurs revenus. Cela réduit la pression sur les forêts.

La promotion de l’agroforesterie et la formation en gestion durable des ressources naturelles encouragent les pratiques agricoles qui préservent et restaurent les écosystèmes forestiers. En intégrant des arbres dans les systèmes agricoles, on améliore la biodiversité et on réduit l’érosion des sols.

Une fois la sécurité alimentaire durable assurée, les communautés sont moins susceptibles de recourir à la déforestation pour cultiver de nouvelles terres ou pour la collecte de nourriture sauvage. Une alimentation variée et stable permet également de réduire la dépendance à l’égard des produits issus de la forêt.

La formation des communautés locales à des pratiques agricoles et économiques durables, ainsi que les campagnes de sensibilisation sur les avantages de la diversité alimentaire et les meilleures pratiques d’alimentation, favorisent des comportements respectueux de l’environnement. Ces initiatives incitent les habitants à adopter des méthodes moins destructrices pour les forêts.

L’accès à l'eau potable réduit la nécessité de déboiser pour accéder à des sources d'eau non polluées. Cela contribue également à la réduction des maladies hydriques et améliore la qualité de vie des communautés locales.

Le dénominateur commun de toutes ces activités est le développement durable. Chaque initiative vise à améliorer les conditions de vie des communautés locales tout en préservant les ressources naturelles du paysage de Yangambi. En combinant les efforts économiques, environnementaux et sociaux, le projet CIFOR-ICRAF cherche à créer un modèle de développement qui peut être maintenu à long terme sans compromettre l'intégrité des écosystèmes forestiers.