Le village de Yaoseko vit une expérience presque similaire dans le cadre du projet PIREDD Orientale. Reposant sur cinq piliers, ce projet porte essentiellement sur la lutte contre la coupe sauvage du bois dans 12 secteurs et 61 villages en initiant les habitants aux nouvelles activités économiques. Cédric Ulyel, assistant technique à Tropenbos RDC, travaille dans le pilier agriculture. Il explique l’importance de promouvoir, d’une par, la culture des plantes pérennes et, d’autre part, la culture du riz Nerica, qui fait murit en trois contre six mois pour la semence locale dite Kitombe en langue du milieu. A la monoculture du traditionnel palmier à huile, le projet le cacao dont il initie l’ensemencement sous les ombrages des palmiers. D’après Cédric, le cacaoyer a besoin de l’ombrage pour bien croître. Plus il grandit, plus il a besoin de soleil. Quitte à éliminer les palmiers au fur et à mesure. L’assistant est entouré des autochtones, membres du CLC (Comité Locale de Consultation). Ils sont toutes oreilles. Étant né et ayant grandi à Yaoseko, Modeste Baruti, vice-président du CLC de Yaoseko témoigne d’un début difficile :
« Le cacao, c’est une découverte dans notre village. Après, on se demandait que faire de ce qu’on ne mange pas ici, vendre à quel prix. Les images et les ateliers de formation à Kisangani nous ont convaincus »
Lors des sensibilisations et formations, le projet a trouvé les mots justes pour redonner de l’espoir à un village sans hôpital, sans école, sans commerce, où la vie est essentiellement faite de l’agriculture itinérante sur brûlis et de la vente de charbon de bois.
« L’avantage avec le cacao, ce que vous plantez une seule fois et ça a la capacité de produire pendant plusieurs années voire cinquante, soixante ans. Donc, c’est une valeur sûre, non seulement pour vous, mais aussi pour les générations futures. »
Avec l’aide du projet, Modeste a repris une palmeraie abandonnée par ses parents. Il se dit confiant :
« Nous avons exigé de Tropenbos l’encadrement jusqu’à la commercialisation de notre cacao ».
Derrière Modeste, un paysan, la septantaine, lève le doigt pour demander la parole, on tourne la caméra vers lui :
« Je m’appelle Roger. Si des vieilles personnes comme moi croient à l’assistant, c’est parce qu’il a quitté sa famille en ville pour dormir, manger et travailler avec nous »
Dans le passé, témoignent des paysans, les organisations venaient pour les former et repartaient aussitôt après les avoir payés. Le village compte une trentaine de maisons en pisés et terre battue, à part un ou deux dispensaires et deux maisons de particuliers en briques cuites et tôles. De là aux limites de la Réserve de Biosphère de Yangambi, on peut compter du coin de l’œil plus de 250 parcelles où se trouvaient des sacs de charbon de bois. Les charbonniers pour la plupart des jeunes les charrient par le fleuve jusqu’aux gués de Kisangani d’où des revendeurs et des familles s’approvisionnent. Un sac de makala coûte entre 12$ et 14$. Dans le temps, le sac coûtait entre 10$ et 12$. La demande ne va pas faiblir de sitôt. Les longues pannes fréquentes du barrage hydroélectrique augmentent la demande en charbon. Face à cette situation, Cédric compte sur les résultats des cultures pérennes.
« Ils abandonneront eux-mêmes le charbon de bois en voyant un des leurs s’acheter une moto en un temps record. »
Et Modeste de renchérir :
« Avec une bagatelle de 1000 dollars par an, on va abandonner le travail très laborieux du charbon de bois. »