RDC. Province de la Tshopo, Kisangani, 13 juin 2023. Atelier d’élaboration du plan de gestion quinquennal de la faune dans le Paysage de Yangambi.

Ce que le CIFOR-USAID attend des participants

Kisangani, 13 juin 2023. Délégué de la SODEFOR lors de l'atelier élaboration plan de gestion faunique initié par CIFOR-USAID.

Face à la raréfaction de la viande de brousse, CIFOR-USAID et ses partenaires s’engagent à travailler la main dans la main à la conservation et la protection de la faune dans le Paysage de Yangambi. Celui-ci s’étend de la ville de Kisangani à Yanonge, Yangambi et Isangi, 62 km, 100 km et 125 km à l’ouest ainsi qu'à Bengamisa, 60 km au nord. L’atelier est l’occasion de voir ce qui a été fait et ce qui reste à faire pour élaborer le plan de gestion faunique.

Nathalie Van Vliet, responsable du volet FAUNE/projet FORETS, s’attend à ce que les chasseurs s’intéressent à la gestion durable de la faune par le biais de petits projets alternatifs mis en œuvre par le CIFOR-ICRAF. Le tout combiné au théâtre participatif, l’éducation environnementale et la sensibilisation avec des méthodes innovantes comme la création des club Zamba. Les clubs sont une énorme opportunité pour commencer dès le jeune âge à encourager les jeunes en ce qui concerne l’environnement et la faune en particulier.

Le travail en synergie est l’unique raison du présent atelier. Comme le rappelle Nathalie lors de son mot de bienvenu, ça ne sert à rien de travailler en ordre dispersé :

« Si nous sommes réunis, c’est parce que, d’une façon ou d’une autre, nous nous intéressons à la faune soit pour des raisons culturelles, soit pour des raisons financières ou autres. Cet atelier représente une opportunité d’élaborer un plan de gestion puisque la Réserve de Biosphère de Yangambi abrite des espèces emblématiques comme le chimpanzé, le pangolin... J’espère que c’est l’occasion d’échanger, d’apprendre, de nous écouter, de planifier ensemble... »

Des privés, des préposés de l’Etat congolais et des organisations environnementales, une cinquantaine de participants a répondu pour un jour d’atelier à l’invitation du projet FORETS II sur le campus de la Faculté des Sciences de l’Université de Kisangani. Parmi les participants, on trouve le Ministre provincial de l’Environnement, le personnel et les bénéficiaires du projet FORETS ainsi que les délégués la presse locale, des communautés locales, de la SODEFOR (), du MEED (Ministère national de l’Environnement et du Développement Durable).

Dans le cadre du projet FORETS FOOD, le CIFOR avec l’appui de l’USAID fait appel s’allie aux partenaires dans un contexte où, dans le Paysage de Yangambi, les lois datent de manière générale d’avant l’indépendance, l’exploitation forestière est autorisée et où la viande de brousse se raréfie sur le marché. Une animatrice du projet, Emmanuela a fait part de sa crainte. Les caméras de nuit ont filmé la présence des espèces comme le Chimpanzé (Mokomboso en langue locale), le Buffle (Mboko), Sitatunga (Mbuli Masuwa,) et le pangolin. Ces animaux sont localisés loin au nord de la réserve. Dans les parages, on a signalé plus la présence des petits mammifères comme les écureuils et les rats.

Sagesse Nziavake, coordonnatrice du volet FAUNE/projet FORETS, rappelle que le CIFOR a déjà franchi des étapes sur les cinq requises à l’élaboration du plan de gestion : 

« Jusqu’ici, nous avons franchi deux étapes : l’état des lieux de la faune dans le Paysage de Yangambi et l’instauration du crédit biodiversité. Il suffit de prouver que l’on conserve ou restaure la faune sauvage pour recevoir le crédit. »

Depuis 2017, CIFOR appuie les communautés locales de Yangambi dans l’alternative au commerce de viande de brousse. Il s’agit notamment de l’élevage de porc et de volaille dans le groupement de Weko et la cité de Yangambi, à l’ouest de Kisangani, dans la province de la Tshopo. Le groupement de Weko fournit la plus grande partie de viande de brousse qui alimente le marché de la cité. Pour Nathalie, ce n’est pas suffisant :

« Il nous faut changer de chaises, c’est-à-dire nos impacts ont été intéressants au niveau local. Maintenant, il que pour que ce soit significatif, il faut que ces efforts soient dupliqués, multipliés dans le paysage de telle sorte que tous les villages autour de la réserve de Biosphère de Yangambi puissent bénéficier d’un appui de ce genre. Le but de l’atelier est de voir ce que les parties prenantes sont prêtes à investir dans cet effort. »

Kisangani, 13 juin 2023. Photo de famille lors de l'atelier élaboration plan de gestion faunique initié par CIFOR-USAID.

La gestion est surtout l’affaire des communautés locales. On ne peut pas restaurer la faune sans tenir compte de leurs habitudes alimentaires. Il faut leur proposer des alternatives qui cadrent avec leurs habitudes alimentaires. A ce propos, Sagesse Nziavake tient à fidéliser les communautés du Paysage de Yangambi :

« Les tribus Manga et Turumbu aiment bien la viande et surtout la viande de brousse. Certes, nous voudrions restaurer la faune, améliorer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. On ne peut pas le faire sans respecter soient améliorés les valeurs culturelles du milieu. Il faut donc concilier la conservation et le développement. Il faut y réfléchir, par exemple, comme on le fait déjà, en appuyant des alternatives à la chasse comme l’élevage et la photographie. »

En rappellent qu’il n’y a pas de faune sans flore, les participants font allusion aux exploitants forestiers œuvrant dans le Paysage de Yangambi. C’est ce qui ressort des groupes de travail lors de l’atelier. Le Directeur d'études et délégué de la SODEFOR reconnaît la responsabilité de sa société dans la conservation et la protection faunique. C’est la raison pour laquelle la SODEFOR œuvre pour le bien-être des ayants droits et des communautés locales.

Certes, les partenaires auront apporté la pierre à l’édifice, il reste que l’Etat congolais fasse la police. Faisant de la gestion faunique son affaire, le gouvernement provincial de la Tshopo compte beaucoup sur l’apport de l’atelier à un projet d’édit en gestion. Patrick Valancio Asumani, ministre provincial de l’Environnement, l’a dit dans son discours d’ouverture :

« Notre province ne dispose pas de texte approprié pour la faune. Cet atelier peut nous fournir des éléments pour enrichir notre projet d’édit. Cela étant, nous suggérons aux participants de focaliser leur réflexion sur comment aider la population consommatrice de viande de brousse en vue des solutions palliatives. »

Et Nathalie Van Vliet de se féliciter de la démarche évoquée par le ministre provincial :

« Nous avons besoin de l’appui du ministère provincial. Ça c’est sûr. J’étais très contente d’apprendre aujourd’hui aussi que le ministère est dans le processus d’élaborer une politique provinciale pour la faune. Ça, c’est très important parce qu’en même temps en parallèle, au niveau national, c’est quelque chose de similaire qui est en train de se passer. C’est d’autant plus important que le cadre réglementaire actuel reflète mal les réalités locales. C’est difficile d’appliquer un tel cadre tel quel puisque les populations dépendent de la faune. Il est très difficile d’appliquer par exemple les saisons closes telles qu’elles sont aujourd’hui. C’est plusieurs mois où les gens ne mangent pas.  L’atelier est une opportunité pour améliorer ce cadre gouvernemental. »

L’atelier a été sanction par un rapport général, la première version du plan d’action et la feuille de route pour la validation du plan d’action. L’élaboration du plan de gestion faunique dans le Paysage de Yangambi est l’initiative du CIFOR à travers le projet FORETS II financé par l’Union européenne et l’USAID.

 

Date de dernière mise à jour : mardi, 20 juin 2023