A cette occasion, Ebuteli a présenté son rapport. Publié en octobre 2024, ce rapport analyse l'écart préoccupant qui existe entre les fonds effectivement disponibles et les besoins de la RDC en matière de financement climatique.Le rapport met en lumière le sentiment de frustration et de désespoir grandissant en RDC face à ce que certains considèrent comme un manque de volonté des partenaires internationaux à honorer leurs engagements.
Le rapport pointe également un paradoxe : malgré sa contribution cruciale à la lutte contre le réchauffement climatique, la RDC peine à obtenir le soutien financier nécessaire pour préserver ses ressources naturelles.
Acteur clé dans la préservation des écosystèmes tropicaux, la RDC détient 60 % des forêts tropicales du bassin du Congo, connues pour absorber davantage de carbone que l'Amazonie. Ce potentiel d'absorption est estimé à environ 1,5 milliard de tonnes de CO₂ par an. En outre, le pays abrite le plus vaste complexe de tourbières tropicales, capable de stocker entre 26 et 32 milliards de tonnes de carbone.
Cette immense capacité de stockage carbone renforce le rôle stratégique de la RDC dans les initiatives de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Les politiques congolaises en matière climatique s'articulent principalement autour de la conservation de ces forêts et tourbières.
Cependant, les efforts de la RDC sont entravés par des faiblesses institutionnelles, telles que la corruption, un manque de transparence et de redevabilité, ainsi qu'une instabilité politique persistante et une autorité de l'État limitée.
Sous la modération de Dismas Kitenge du Groupe Lotus, le forum a été animé par le Pr. Jolino Albert Malukisa, Directeur/Gouverance à Ebuteli, Jacques Mukena, Chercheur principal/Gouvernance à Ebuteli, Pr. Consolate Kaswera, enseignante à la Faculté des Sciences de l’Université de Kisangani, et Dorcas Kanku, Chargée de communication du CIFOR–ICRAF dans le Paysage de Yangambi.
Des sessions de questions-réponses et des recommandations formulées par les intervenants ont enrichi les débats, mettant en lumière les défis et les perspectives de la gouvernance en République Démocratique du Congo.
Dorcas Kanku en a appelé à la synergie de toutes les parties impliquées dans la lutte contre les changements climatiques. La synergie est une autre façon de rassurer les bailleurs de fonds.
Selon Ebuteli, le déficit de financement climatique est criant. Bien que les pays développés aient mobilisé près de 116 milliards de dollars en 2022 pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts climatiques, la RDC n’a reçu qu’une fraction de ces fonds. En outre, le Fonaredd, établi en 2012 pour canaliser les appuis des bailleurs, n’a réussi à mobiliser que 750 millions de dollars, dont 500 millions proviennent de la récente lettre d’intention signée avec le fonds Cafi. Le présent rapport met l’accent sur le fait que le déficit de financements climatiques en RDC, associé à certaines oppositions des bailleurs au sujet de l’exploitation forestière et pétrolière, finissent par alimenter, dans l’opinion nationale, les accusations d’un complot international contre l’État congolais.
Ebuteli est un institut de recherche congolais sur la politique, la gouvernance et la violence. Ebuteli ("escalier" en lingala) s'est donné pour mission de promouvoir, grâce à une recherche rigoureuse, un débat éclairé afin de trouver des solutions possibles aux nombreux défis auxquels fait face la RDC.