Dans sa réflexion à l’approche Win-Win, le professeur Franck Bapeamoni, spécialiste de l’étude des oiseaux à la Faculté des Sciences, a proposé de repenser le financement des Aires Protégées :
« Si nous continuons à refaire l’œuvre coloniale en comptant sur le financement extérieur, comme c’est le cas, on mettra longtemps à sortir du cercle vicieux. »
Il y a plusieurs façons de financer les Aires Protégées. Le conférencier a cité l’exemple du Gabon où les Aires Protégées ne s’occupe que frais de visite. Les infrastructures d’accueil et le transport sont laissés aux communautés.
Comme pour en appeler à la responsabilité de l’Etat, le professeur Célestin Danadu, spécialiste de l’étude des poissons, a abordé ce qui reste le facteur qui conditionne tour le reste :
« Pour que la question de tourisme réussisse, il faut résoudre totalement le problème de l’insécurité. C’est le préalable à toute stratégie. »
Le séminaire a été aussi l’occasion d’honorer le corps paramilitaire constitué de 4 milles éco gardes pour 78 Aires Protégées de plus ou moins 330 milles km2. A ses risques et périls, un éco garde doit protéger en moyenne 60 km2 au lieu de 5 à 6 km2. Le conférencier n’a pas manqué d’honorer la mémoire de ces héros dans l’ombre.
Ces 15 dernières années, quatre cents cinquante (450) éco gardes congolais ont péri dans l’exercice de leur travail. Ce chiffre représente presque la moitié des éco gardes à l’échelle mondiale, ayant trépassé dans les mêmes conditions et pendant la même période. »
Présent à la conférence, Dieudonné Boji Ankokwa, le nouveau directeur provincial de l’ICCN et membre de l’ARC-RDC, a fait savoir qu’avec le concours des éco gardes comme acteurs principaux, son organisation a pour mission de protéger :
- L’espace aérien de basse atmosphère,
- L’espace souterrain constitué de minerais, y compris le gaz et le pétrole et
- L’espace terrestre constitué entre autres choses de la faune, de la flore, des eaux, des grottes.
S’il fallait apprendre quelque chose, Esdras Kimareki, invité à la conférence et étudiant à la Faculté de Gestion des Ressources Naturelles Renouvelables à l’Université de Kisangani, s’est dit préoccupé :
« La vie des éco gardes est en danger. Sinon, il faut renforcer la COCO (Conservation communautaire). Le pays doit fournir beaucoup plus de moyens aux éco gardes. Il faut aussi une cohabitation pacifique entre les éco gardes et la communauté locale. Celle-ci doit savoir qu’il y a des avantages à tirer du travail des éco gardes. »
Etudiante en LMD biologie à la Faculté des Sciences, Merveille Adjaye a reconnu que c’était capital pour elle de comprendre comment l’ICCN protège la nature et la biodiversité. Elle brûle d’envie de faire le même travail :
« Un point important qui parle de l’approche gagnant-gagnant entre les Aires Protégées et surtout avec la communauté locale, nous entendons beaucoup les communautés se plaindre pour dire qu’elles ne bénéficient pas de Aires Protégées qui sont tout autour de leurs zones. Quand déjà l’ICCN pense à ce que les peuples autochtones bénéficient des Aires Protégées, c’est une bonne approche. C’est vraiment quelque chose que j’ai aimé. Ça m’a encouragée aussi. Je suis même partie voir le conférencier pour lui dire que je veux lui écrire, que moi aussi je vais protéger la nature... »
En organisant ce séminaire sur le campus de la Faculté des Sciences de l’UNIKIS, l’ARC-RDC s’attendait entre autres choses à ce que, mieux informés, les participants réfléchissent généralement sur les enjeux de la conservation en RDC, et, particulièrement sur l’approche Win-Win, Aires Protégées-Communautés locales.