Le budget voté par l'Assemblée provinciale fait régulièrement l'objet d'un PAP, programmes d'actions prioritaires, un plan qui définit ce qu'il faut réaliser en premier dans l'affectation de l'argent. Pour Jean-Claude Esuka, ministre de l'agriculture et représentant du gouverneur, ne comprend pas "qu'avec 20% des recettes récoltés l'on puisse réaliser 100% des actions prévues en oubliant de classer l'agriculture dans les priorités". L'exposé du ministre sur "l'évaluation du secteur agricole et développement rural" a porté essentiellement sur ce qui a été fait et ce qui ne l'a pas été: seul les 165 km de route de desserte agricole ont été aménagés en territoire de Poko dans le Haut Uélé sur les 24 territoires de la Province Orientale, les autres quelques 20 km ou pas du tout; les semences améliorés ont été distribuées aux paysans; des machettes leur ont été remises. Malgré tout la nourriture coûte cher et la province accuse près de 6% des cas de malnutrition. La mécanisation de l'agriculture a échoué par manque de chauffeurs de tracteurs, eux-mêmes inadaptés aux terres…
"Le vol des produits dans les champs, l'excès des taxes, les conflits des terres qui les opposent souvent aux autochtones découragent les étrangers" ont expliqué le Docteur Olinda, Deogratias Vale de la société civile et le directeur de l'APIF, Charles Lututa. Ce dernier a renchérit sur le manque de vision qui manque aux concepteurs des budgets de la province évoqué par Jean-Claude Esuka. Dr Olinda pense qu'il y a de l'argent pour tout faire sauf qu'il servirait à autre chose. Le ministre de l'agriculture s'est même étonné que les étrangers investissent dans l'agriculture dans l'indifférence totale des hommes d'affaires congolais. Il fait allusion à l'exploitation de l'hévéa dans les anciennes plantations coloniales. "Pour mettre fin à la pauvreté, le paysan doit faire l'agriculture pérenne (qui dure) comme l'hévéa, le cacao, les palmiers au lieu de l'agriculture vivrière", a proposé le recteur de l'IFA, Institut Facultaire Agronomique, Kombele Bishosha. Ce qui, pour le directeur de l'APIF, agence pour la promotion des investissements et de financement de la Province Orientale, n'est pas suffisant. "Il faut rajouter l'agriculture et le tourisme comme priorités " dans le forum économique recommandé les jours à venir par Kinshasa.