Forum de Zongo - 8 mars 2014 - Restitution à l'UNIKIS - Prov. Orientale

Organisée à l'Amphithéâtre, ce 8 mars 2014 par le Professeur Faustin Toengaho, Président de la Conférence des Chefs d'Etablissement de l'ESU (Enseignement Supérieur et Universitaire) en Province Orientale, la restitution avait réuni près de deux cent personnes venues des Comités de gestion, des Corps Académiques, du PATO (Personnel Administratif, Technique et Ouvrier) des établissements de l'ESU de Kisangani  et environs ainsi que les Représentants des Coordinations des Etudiants de la Ville de Kisangani et leurs Adjoints.

"Le forum de Zongo, se voulait un cadre de réflexion sur la loi cadre voté à la session parlementaire de janvier 2014", avait précisé le professeur Toengaho. Elle abroge celle du 22 septembre 1986. Au cœur des débats, comment améliorer la qualité des prestations des établissements de l'ESURS (Ens. Sup., Un., et Rech. Sc.). Le choix des délégués fut à l'initiative du Ministère de tutelle. "Tout était ficelé sans la moindre marge de manœuvre de ma part", précisait le Professeur Toengaho. Il avait conduit la délégation de la province composée du Chef des Travaux Paulin Maembo, du Président de l'ASUKIS (Association des Scientifiques de l'Université de Kisangani) et de Jacques Saidi, Représentant des étudiants de l'Unikis.

Sous la modération du Professeur Isidore Ndaywel è Nziem, le forum s'est déroulé en quatre étapes:
1. Présentation de la loi cadre (6 titres et 242 articles) et des innovations, notamment:

Création des Ecoles Supérieures et du Conseil d'Administration des Ecoles Supérieures
Création du Corps des Inspecteurs
Révision des critères de délibération
Priorité à l'enseignement technique et la formation professionnelle
Création et intégration parmi les organes de l'administration de l'enseignement supérieur et universitaire, du Conseil Académique Supérieur et du Conseil de l'Enseignement Supérieur et Universitaire Privé Agréé
Election par leurs pairs des animateurs des organes de l'enseignement public supérieur et universitaire  (ndlr: Recteurs, Chefs d'Etablissement, Président du Conseil d'Administration, etc.)
Possibilité pour les établissements de l'enseignement national de créer et de développer des activités d'autofinancement

2. Dix communications d'experts: professeurs Isidore Ndaywel è Nziem, Chabu Mumba, recteur Unikin, Elikya M'bokolo, Bob Kabamba de l'Université de Mons, Kabuya Kalala, Directeur de Cabinet du Ministre des Finances, Léon de Saint Moulin, prof mauritanienne, Faustin Toengaho, Richard Ngub'Usim Mpey-Nka.

3. Regroupement des participants en six ateliers d'où une cinquantaine de recommandations

4. Mise en commun en plénière notamment pour la lecture des recommandations:
Mettre fin à la dérive dans l'ESURS notamment, à l'issue d'une enquête, fermer les établissements non viables et en transférer les étudiants à d'autres
Confier des enseignements aux hommes de terrain expérimentés (ndlr: sans nécessairement qu'ils soient assistants, chefs de travaux, professeurs)
Introduire une bourse doctorale dite bourse-prêt
Initier des réflexions sur le LMD (licence-maîtrise-doctorat)

Entre espoirs et craintes

Les participants étaient partagés entre espoir et pessimisme.  Evoquent la crise morale chez les étudiants, Maidika, professeur de philosophie à l'Université de Kisangani,  s'inquiétait de la confusion que, d'une part, il y aurait à créer "des Ecoles Supérieures à côté des Instituts Supérieurs" et, de l'autre, de "l'effacement des sciences humaines par l'éventuelle priorité à la formation technique". Pour le Professeur Toengaho, la loi organique aura mis fin à la confusion. Par ailleurs, formation technique et professionnelle est une priorité qui se veut l'équilibre et non le tombeur des autres filières. La RDC requiert essentiellement de la main d'œuvre pour la modernité et le développement. Le professeur s'est demandé "combien reste-t-il au pays de jeunes maçons, plombiers, électriciens".

En effet, la RDC en est à sa 4ème réforme, après celles de L'UNAZA (Université Nationale du Zaïre, 1969 - 1981), des universités autonomes (UNIKIS, UNILU, UNIKIN). A ce propos, Bernard Kasusula, Directeur Générale de l'ISIG (Inst. Sup. de l'Informatique et de Gestion), s'est demandé "comment réussir aujourd'hui une réforme avec près de 3% du budget nationale alors qu'avec 25% elle avait échoué à l'époque de l'UNAZA". Par ailleurs, en réponse à Serge Kalinde de la FPSE (Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de l'Unikis), le Chef des Travaux Maembo avait précisé que "" les bourses-prêts sont destinées uniquement aux étudiants de 3ème cycle ayant un travail qui leur permette de rembourser". A quoi le Professeur Toengaho avait renchéri: "ce type de bourses serviraient aussi à prévenir la fuite des cerveau, le bénéficiaire étant obligé de rester dans le pays pour rembourser".

Responsabilité partagée

Le Professeur Toengaho a donné les bonnes réponses. Cependant, tout le monde, lui-même y compris, reste unanime sur nombre de questions. S'il faut notamment que les animateurs des établissements de l'ESU soient élus par leurs pairs, que serait la nature de ces derniers? Il est des établissements d'enseignement supérieur et universitaire  avec rarement plus de deux ou carrément sans professeurs. Etudiants, professeurs accepteraient-ils que la réforme mette fin aux pratiques qui ternissent la réputation de l'Université, mais qui font leur bonheur?  Puisqu'aujourd'hui le constat est amer comme l'a soulevé Apôtre Paul Bwisibo Wakenga, Vice Représentant des étudiants de l'Université des Sciences Appliquées de Kisangani (USAKI): "beaucoup trop de diplômés sans réelle compétence, incapables de défendre leur niveau d'études".

En attendant, d'ici douze mois, personne n'y est obligé, disait le recteur, l'ordonnance-loi du Chef de l'Etat, le décret du Premier Ministre, l'arrêté du Ministre de tutelle devront fixer les détails. La réforme devra donc s'appliquer dans un contexte de dérive du système d'enseignement congolais. Citant un professeur congolais venu du Canada, le Professeur Toengaho avait révélé que la RDC compte 752 établissements publics et privés. Avec 59 établissements, la Province Orientale est 5ème  en nombre après les provinces du Nord Kivu 20,3%, du Katanga 14,5%, du Bandundu 9,3%, du Kasaï Occidental, de Kinshasa, du Sud Kivu 8,1% et avant celle du Maniema 4%. La RDC est quatrième pays au monde en nombre d'établissements d'ESU après la Chine, l'Inde et les Etats-Unis. Citant encore ce professeur, il enchérissait "qu'une enquête au 31 décembre 2011 fait état de 172 établissements viables".  En réponse à Kasusula, le recteur croit à la réussite de la présente réforme d'autant que "la volonté politique y est à travers l'ouverture démocratique prônée par Joseph Kabila, Chef de l'Etat congolais. Tout le contraire de la pensée unique d'antan".

Prof toe pour jk web Professeur Faustin Toengaho. Zongo jk web auditoire Auditoire à la restitution Zongo 1 Les jeunes femmes des services du Rectorat, Nathalie B. (avant plan), de la Coopération, Béatrice D., Henri (arrière dr.) Zongo sgac dircab jk web (de dr. à g.)Prof Sengi, SGAc, et Prof Lomba, Dircab du Recteur (en veste) Zongo kasusula indesing jk web Bernard Kasusula, Directeur Général de l'ISIG, Inst. Sup. de l'Informatique de Gestion

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021