La contrée a fini par se vider suite à la rareté de l’or et diamant. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un village réduit à une poignée de cases, sans écoles ni dispensaires, sans boutique ni buvette. On y voit plus de jeunes gens âgés entre 20 et 40 ans, à peine deux vieillards, pas d’enfants entre 7 et 18 ans. On raconte qu’ils ont aménagé dans des familles sœurs pour raison d’études.
Les gens sont devenus très pauvres et leur vie très dure. . Les repas sont quotidiennement faits de viande de brousse grâce aux chiens de chasse, à la chasse au fusil et aux pièges. Pour trêve de met, tout y passe : pangolin, potamogale, singe, serpent, crabe, tortue, musaraigne-éléphant…
Les champs d’à peine un hectare produisent de la banane plantain, du maïs et du riz juste pour la consommation domestique. Par temps de carence, l’on se contente, par exemple, de morceau de banane bouillie sans ou avec pour seul met des noix de palme bouillie. A défaut de cela, du riz sans met vient au secours.
Deux semaines, nuit et jour, nous n’entendions que le ronronnement des automobiles s’approchant et s’éloignant d’un bout à l’autre vers l’est congolais. S’il existe d’autres bruits, c’étaient les cocoricos du petit matin, bêlements, caquètements et rarement les aboiements et la musique d’une enceinte portative. Pour une fois qu’une marchande d’alcool frelaté est arrivée de la ville de Kisangani, les consommateurs s’y sont mis de façon bien discrète.
A défaut de commerce et de buvette, on s’approvisionne au loin. De dispensaire, les plantes médicinales font l’affaire, laissant peu de place à la médecine moderne ; d’école, les parents confient leurs enfants aux familles vivant dans des villages ayant une école.