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Bafwakondima, paysans pauvres au cœur des riches forêts de Bafwasende

RDC. Province de la Tshopo, décembre 2019. Situé au cœur des forêts mixtes, Bafwakondima mesure une partie de la route nationale 4 (RN4). Le village est bordée de cases basses, homogènes, entièrement en sticks et terre battue et aux toits de feuilles (Marantaceae) flétries par l’action du soleil. Le tiers des cases, vermoulues et abandonnées à la merci des herbes, témoigne d’un passé mouvementé récent. Pas mal de marchands s’y étaient installés dans les années quatre-vingts dix jusqu’au jour où, les uns après les autres partaient suite à la rareté des pierres précieuses de l’or et du diamant.

La contrée a fini par se vider suite à la rareté de l’or et diamant. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un village réduit à une poignée de cases, sans écoles ni dispensaires, sans boutique ni buvette. On y voit plus de jeunes gens âgés entre 20 et 40 ans, à peine deux vieillards, pas d’enfants entre 7 et 18 ans. On raconte qu’ils ont aménagé dans des familles sœurs pour raison d’études.

Les gens sont devenus très pauvres et leur vie très dure. . Les repas sont quotidiennement faits de viande de brousse grâce aux chiens de chasse, à la chasse au fusil et aux pièges. Pour trêve de met, tout y passe : pangolin, potamogale, singe, serpent, crabe, tortue, musaraigne-éléphant

Les champs d’à peine un hectare produisent de la banane plantain, du maïs et du riz juste pour la consommation domestique. Par temps de carence, l’on se contente, par exemple, de morceau de banane bouillie sans ou avec pour seul met des noix de palme bouillie. A défaut de cela, du riz sans met vient au secours.

Deux semaines, nuit et jour, nous n’entendions que le ronronnement des automobiles s’approchant et s’éloignant d’un bout à l’autre vers l’est congolais. S’il existe d’autres bruits, c’étaient les cocoricos du petit matin, bêlements, caquètements et rarement les aboiements et la musique d’une enceinte portative. Pour une fois qu’une marchande d’alcool frelaté est arrivée de la ville de Kisangani, les consommateurs s’y sont mis de façon bien discrète.

A défaut de commerce et de buvette, on s’approvisionne au loin. De dispensaire, les plantes médicinales font l’affaire, laissant peu de place à la médecine moderne ; d’école, les parents confient leurs enfants aux familles vivant dans des villages ayant une école.

De sorte que les huit-vingt ans sont rarissimes dans ce village où tout le monde connaît tout le monde et où les plus vieux se comptent sur les doigts d’une main.

Au matin et en milieu de journée, les voyageurs motorisés croisent des élèves en bleu et blanc allant ou venant de l’école à pied sur une distance qui varie entre trois et six km. On peut aussi remarquer la présence de beaucoup de chiens là et dans les villages avoisinants. Une famille pouvant détenir jusqu’à quatre chiens.

A l’époque des vaches grasses, rapportent des témoins, le trafic d’or et de diamant ainsi que le commerce des produits manufacturés s’y étaient développés à l’initiative des commerçants venus de Kisangani et du nord-est et de l’est, vers le Haut-Uélé et le Nord-Kivu. C’est ce qui expliquerait la présence à ces jours à Bafwakondima, comme sur plusieurs autres villages entre 122 et 170 km, des ressortissants des contrées lointaines.

Les villages avoisinants présentent la même physionomie : Beizo, 144, Ngelingeli 173 km et Batama, 179 km. Le soir venu, les adultes majeurs, certains munis de fusils de chasse, d’autres accompagnés de leur chien viennent souvent en visite à Bafwakondima. Ils proposent du gibier à vendre.

Bafwakondima fait partie de tant d’autres petits villages typiques sur la route nationale 4 qui va de la ville Kisangani vers le nord-est de l’est congolais. Il y a trente et huit ans, apeurés par d’étranges morts en cascade, raconte un guide, tout le monde déménagea d’un village à deux kilomètres au sud-ouest.

Date de dernière mise à jour : mercredi, 08 juillet 2020