CongoForum: En visite sur le domaine paroissial, on peut lire sur des écriteaux ici et là : Enabel (Coopération Technique Belge), EDUT (Appui à l’Enseignement Technique et à la Formation Professionnelle dans le district de la Tshopo), CIFOR (Centre pour la recherche forestière internationale), FORETS (FOrmation, Recherche, Environnement dans la TShopo), MKS. Qu’est-ce que ces organismes apportent concrètement à la paroisse en particulier et à la cité de Yanonge en général ?
Père Vittorio: « Disons que Yanonge au début n’était pas tellement visé. C’était uniquement un lieu de passage. Mais à certains moments il y a eu de la part d’Enabel un véritable engagement. Je dirais pour nous dans deux directions : la première direction est en rapport avec des jardins potagers, de cultures maraichères par des femmes réunies en petites associations locales. Et c’est très important soit pour les mamans comme telles soit pour les jardins parce que l’agriculture de grands champs est perdante : grande fatigue, peu de résultats, peu de dignité. C’est en partie pour cela que les jeunes se révoltent en coupant et rasant la forêt pour faire le charbon mais l’environnement en souffre ».
“La deuxième direction importante de l’engagement d’Enabel c’est la construction et la réhabilitation des écoles techniques pour filles et garçons. La coopération a octroyé en particulier des bourses d’études aux filles. Les écoles sont dotées de machines à coudre pour l’école des filles et d’outils appropriés en maçonnerie et en menuiserie pour les garçons. C’est très important de souligner qu’Enabel fait de plus en plus confiance à Yanonge, ce qui est une preuve qu’elle va s’engager davantage”.
“Nous avons eu plus tard le passage de CIFOR. Ils étaient vraiment de passage. Et moi, j’ai dit pardon, je suis le curé. Dans la bible, il est écrit que ce n’est pas par hasard que vous êtes passés par ici. Ce sont les paroles d’Abraham aux trois visiteurs. Donc ils sont restés pour nous écouter un peu. Ils ont fini par décider de créer une base de travail à Yanonge. L’engagement de CIFOR à protéger la forêt et à améliorer les revenus paysans a trouvé d’une part des forêts partout dans le territoire d’Isangi … Mais en même temps, il y a un monde humain de collaboration, de dialogue, de confiance. Après avoir installé sa base, CIFOR a fait beaucoup de pépinières”.
“Avant les gens regardaient parce que c’est toujours un corps étranger qui entre, on se défend psychologiquement. De notre part comme une paroisse catholique, nous avons essayé de faire mûrir la confiance et grandir la capacité de rencontre et de confrontation. Maintenant la collaboration est bonne. Les gens sont contents et CIFOR est content. D’abord, ils ont commencé avec des arbres fruitiers à partir desquels on est passé à d’autres arbres comme l’acacia, parce que, pour faire le charbon, la population détruit la forêt et dans le contexte du changement climatique du monde, c’est déjà un danger. Au contraire l’acacia, qui est un bois dur à croissance rapide, donne d’abord de l’azote aux terres fatiguées et beaucoup de charbon après quelques années”.
“Dernièrement est arrivée aussi MKS qui a pris l’engagement de réhabiliter l’école agricole de ITA (Institut Technique Agricole). On a réhabilité le bâtiment de l’ancienne mission, après on a ajouté un bâtiment qui était une maison de poules. Ils ont dit non ce n’est pas possible de réhabiliter, il faut construire à nouveau. Je les ai pris à côté et leur ai dit : « Regardez comme la population des jeunes s’est multipliée. Nous avons besoin d’autres salles de classe. Est-ce que pour vous ce sera possible? Ils ont répondu oui. » Nous voyons que les organismes nous font confiance parce qu’ils ont trouvé qu’ici ils peuvent risquer sans peur, c’est-à-dire le succès est garanti pour eux grâce à la collaboration, au courage et à la cohésion sociale dans le coin”.