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Yangambi. CSB-UNESCO sensibilisent les populations riveraines sur les maladies qui se transmettent de l’animal à l’homme

Le vendredi, 19 avril 2024 à 17:53

Dans Santé (One Health)

« Ni vu, ni connu », c’est la réponse des participants lors de la sensibilisation dans la région de Yangambi, 100 km à l’ouest de Kisangani en aval du fleuve Congo. Du 11 au 13 avril 2024, une équipe du CSB a réuni les communautés locales en trois lieux : à Yangambi centre, aux villages Nziapanda, chef-lieu du groupement Weko-Ngazi, et Bosukulu, chef-lieu du groupement Yawenda.

L'orateur principal avait présenté les zoonoses sous le titre Faune sauvage et maladies émergentes en région forestière. Les participants se sont montrés très intéressés aux exposés, qui avaient porté sur les causes des zoonoses, leur mode de contamination, leurs conséquences et les moyens de s’en prémunir. L’organisation avait pris soin d’inviter les personnes impliquées dans la manipulation des bêtes et les soins de santé : restauratrices, chasseurs, infirmiers, autorités coutumière et administratives, techniciens de l’INERA Yangambi, activistes de la Société Civile.

L’orateur principal, le professeur Guy-Crispin, chef du Département d’Ecologie et Biodiversité des Ressources Terrestres au CSB, a parlé des cas liés à la variole de singe (Monkeypox) et la fièvre hémorragique à virus ebola.

Le professeur Guy Crispin a insisté sur le danger de plus en plus croissant de ces maladies. La science soupçonne d’autres animaux de porter les mêmes virus alors que le singe et la chauve-souris étaient considérés jusque-là comme les seuls réservoirs du monkeypox et de la fièvre ebola. L’orateur a mis en garde contre la manipulation des écureuils dont le piégeage est généralement organisé par les enfants.

 

Certaines questions sont revenues plusieurs fois. Les populations riveraines voulaient savoir comment reconnaître les animaux malades et les soigner par manque de service vétérinaire, se priver d’en manger en temps de disette et, dans ces conditions, s’en protéger efficacement selon la biosécurité évoquée par l’orateur.

Yangambi, 13 avril 2024. Sensibilisation des populations riveraines sur les zoonoses par le CSB

L’orateur leur a conseillé d’observer des mesures simples comme par exemple s’éloigner de la charogne, brûler les bêtes mortes, éviter de porter d’animaux vivant sur son corps, porter de masques et des gangs lors de la dissection, de cuire à fonds toute viande.

Aux sceptiques qui doutaient que ces maladies les atteignent alors qu’ils mangent du singe et de la chauve-souris d’arrière-grand-père à père en fils, l’orateur a répondu en évoquant l’historique des épidémies en RDC :

« Certaines chauves-souris seraient ainsi des porteurs sains et contribueraient significativement au réservoir naturel du virus Ebola. Imaginez-vous que les chauves-souris migratrices peuvent parcourir jusqu’à 2000 km. Vous devriez faire attention quand l’on sait qu’ebola a été identifiée pour la première fois en RDC, dans l’ex province de l’Equateur, à moins de 1000 de Yangambi. Depuis, on en est à la 35ème épidémie. Qui sait à qui le tour. »

La cheffe du Quartier Losambila se rappelle avoir acheté de la viande à griller au marché. Au moment de la servir à ses invités, elle remarqua qu’elle était pleine d’asticots. Comme cette vendeuse, beaucoup de gens refusent de se débarrasser des bêtes malades ou de la viande putréfiée.

Joseph Mabilo est Chef d’Antenne Elevage à l’INERA Yangambi. Comme d’autres participants, il félicite l’initiative du programme CSB-CEBioS de sonner l’alerte contre les zoonoses. Cependant, il pointe l’Etat congolais pour l’absence des services attitrés :

« C’est tout bon. Sauf que le fonctionnaire résident de Yangambi [ndlr : Maire] est responsable de toutes les épidémies qui sévissent à Yangambi. C’est à lui de répondre si oui ou non la police vétérinaire existe encore. Je suis arrivé à Yangambi en 2003 au moment où la peste porcine africaine est survenue. La peste est venue de Bumba [ndlr : des centaines de km de Yangambi, en aval du fleuve Congo]. C’est une maladie virale incurable. Des centaines de porcs morts de peste étaient dépecés et vendus sur le marché sans que rien ni personne ne l’interdise. Tout se faisait au vu et au su du fonctionnaire et de la gérante du marché. Le fonctionnaire prélève des taxes sans songer à encadrer les éleveurs... »

L’atelier de sensibilisation sur les zoonoses du 11 au 13 avril 2024 dans la région de Yangambi a été organisé par le CSB avec l’appui de l’UNESCO dans le cadre du projet Yangambi.

Rachel Atilisomba,
Correspondante à Isangi