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Conférence de crise et d'urgence sur le Mpox en RDC : une réponse pour contrer l'émergence et la réémergence des maladies zoonotiques

Le mercredi, 30 octobre 2024 à 10:20

Dans Santé (One Health)

Kisangani, 29 octobre 2024. - L'épidémie de Mpox continue de sévir en RDC, avec un total de 1911 cas et 91 décès enregistrés à ce jour dans la province de la Tshopo, qui reste l'épicentre de l'épidémie. La Zone de Santé d'Alimbongo, près de Kisangani et celle du territoire de Yahuma compte plus de cas que les 21 autres Zones de Santé en province. C'est qui ressort notamment de la conférence de crise organisée par le Centre de Surveillance de la Biodiversité de l'Université de Kisangani en collaboration avec l'Université d'Anwerpen en Belgique.

Selon les données présentées par John Mondele, Coordonnateur du Programme de Santé à la DPS (Division Provinciale de la Santé), lors de la conférence de crise sur l'épidémie de Mpox en RDC, la province de la Tshopo demeure l'un des épicentres de l'épidémie, avec 1911 cas recensés. La létalité (risque d'entraîner la mort) est de 5% à l'heure actuelle, et les zones de santé les plus touchées sont celles de Yahuma et d'Alimbongo, qui a déjà enregistré plus de 380 cas.

La conférence de Kisangani sur le Mpox a permis aux participants, lors de discussions en groupes de travail, de formuler plusieurs recommandations essentielles regroupées par thèmes.

D'abord, concernant la mise en place de la structure One Health , il est apparu crucial d'identifier et de fédérer tous les acteurs intervenant en santé animale et humaine, pour ensuite élaborer un plan stratégique spécifique à la province de la Tshopo. Parallèlement, un effort devra être fait pour renforcer la visibilité de cette structure et ses objectifs auprès de la population, afin de susciter leur adhésion.

Ensuite, pour la prévention des épidémies et des maladies , plusieurs actions ont été soulignées. Il s'agit de sensibiliser la population sur des points clés comme la vaccination, l'assainissement de l'environnement (lutte contre les flaques d'eau stagnante et dératisation), la gestion des ressources naturelles, l'importance d'une sexualité responsable avec un dépistage régulier, et enfin l'hygiène corporelle, y compris bucco-dentaire.

Le renforcement des systèmes vétérinaires s'impose également : les services vétérinaires de l'État doivent être redynamisés et des cliniques vétérinaires créées pour répondre aux besoins. Il est en outre recommandé d'interdire la vente d'animaux sauvages vivants, d'assurer la vaccination des animaux et de multiplier les actions de sensibilisation. Cette communication pourrait se faire par les médias, la musique, le théâtre, ou encore des échanges directs au sein des églises ou via des agents communautaires.

Dans cette optique, des stratégies spécifiques pourront être développées, notamment un plaidoyer auprès des autorités administratives, de la mobilisation sociale, et des communications adaptées aux différents, dont les enfants. L'approche One Health pourrait être associée à l'approche WASH (eau, hygiène et assainissement) pour une action intégrée et efficace.

Enfin, plusieurs points importants ont été retenus de cette rencontre. Il est indispensable de sensibiliser la population, de renforcer la médecine vétérinaire et les services afférents, et de favoriser une collaboration étroite entre tous les acteurs impliqués, condition sine qua non de la réussite de la structure One Health.

Pour parvenir aux recommandations, la conférence a été animée par des orateurs spécialisés en biodiversité, médecine, socio anthropologie et études des rongeurs.

 

Le Pr. Pionus Katuala, spécialiste dans l’étude des Petits Mammifères et Doyen de la Faculté des Sciences de l’Université de Kisangani, a expliqué que les dynamiques de transmission et les facteurs environnementaux spécifiques à la RDC accentuent la propagation du Mpox, posant de graves défis de santé publique. 

Il a parlé des interactions entre les humains et les petits mammifères sauvages, ainsi que de la transmission des maladies émergentes, en mettant particulièrement l'accent sur les Mpox.

Kisangani, 29 octobre 2024, conférence de crise/Mpox

Le Pr. Katuala a souligné que lorsque les habitats sont modifiés, de nombreuses espèces, y compris les petits mammifères, sont contraintes de migrer vers de nouveaux territoires, ce qui augmente les interactions avec les humains. Il a démontré comment ces interactions, exacerbées par le climat, contribuent à l’émergence de maladies zoonotiques, notamment les Mpox.

Il a également abordé les raisons pour lesquelles il est préférable de parler de Mpox plutôt que de variole des singes, en insistant sur l'importance de comprendre les mécanismes d’émergence et de propagation de ces maladies, ainsi que les défis qu’elles posent pour la santé publique.

Cela justifie l’appel du CSB et ses partenaires à une mobilisation rapide des acteurs de la santé et des ressources est essentielle pour prévenir des épidémies à grande échelle. Des stratégies intégrées de surveillance, de sensibilisation et de réponse doivent être mises en place pour renforcer la résilience des communautés locales et contrôler efficacement la propagation de cette maladie zoonotique.

Le Mpox, qu'il émerge ou réémerge selon les régions, suscite une crise sanitaire pressante, exigeant une réponse rapide et coordonnée." En réponse au Secrétaire Général à la Recherche de l’Université de KisanganiLe Pr. Guy-Crispin a tenu à clarifier les concepts en insistant sur le caractère critique et urgente du Mpox : 

“A Kisangani, le Mpox est une maladie réémergente. Ailleurs, elle est une maladie réémergente.” 

Pédiatre aux Cliniques Universitaires de Kisangani et agrégé en sciences médicales, Dr Dadi Falay a reconforté l’argument sur le caractère critique et urgent du Mpox en soulignant l'extension géographique croissante du Mpox entre les années 1970 et 2010-2019. : 

“L'importance des phénomènes épidémiologiques dépend de plusieurs facteurs critiques. Par exemple, un seul cas d'Ebola à Kisangani entraînerait immédiatement des mesures drastiques, modifiant profondément nos comportements. À l’inverse, la malaria, bien que préoccupante, ne suscite pas la même réaction en raison de son caractère endémique et bien connu. Mais le deuxième facteur tout aussi essentiel est l'étendue géographique de l'épidémie. Dans les années 1970, le monkeypox affectait principalement l'Afrique centrale, avec quelques cas en Afrique de l’Ouest.” 

Selon lui, le Mpox s’épend de façon inquiétante vers des régions autrefois épargnées, comme l’Angleterre, l’Amérique du Nord, voire l’Asie et Israël. Cette diffusion mondiale et la menace qu’elle représente ont poussé l'OMS à considérer le monkeypox comme une urgence sanitaire planétaire.

Le Dr Dadi Falay déplore que des gens diabolisent la vaccination et certains patients arrivent à l'hôpital dans un état si critique qu'ils succombent presque immédiatement. Il observe que 70% des cas en 2023 touchent les moins de 25 ans et 30% le reste de personnes. Le Mpox devient de plus en plus pédiatrique et les femmes sont moins touchées que les hommes.

Pour le Pr. Kimoni Kicha, enseignant à la Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques (FSSAP), la réussite de la lutte contre le Mpox dépend en partie de la perception de la population. En effet, la culture congolaise peut influencer de manière positive ou négative toute initiative, qu'il s'agisse de sensibilisation, de vaccination ou de toute autre forme de thérapie.

“Toute maladie est perçue sous un double aspect, physique et métaphysique ; c'est cette représentation qui peut parfois générer une résistance à la vaccination. Pour mener à bien la lutte contre le Mpox, il est essentiel de comprendre cette double perception sans pour autant dénigrer les thérapies traditionnelles.”

Le Pr. Kimoni se demande s'il ne serait pas pertinent de combiner les approches moderne et traditionnelle afin d'optimiser l'efficacité des soins contre le Mpox.