Les discussions autour du système LMD (Licence-Master-Doctorat) déjà instauré dans les 300 instituts supérieurs de la République Démocratique du Congo ont suscité un vif intérêt.
Lors de l'ouverture des échanges, le Pr. Arthur Yenga, Secrétaire Permanent du CA-ISTATS, a tenu à clarifier le cadre des débats en déclarant que l'annulation du système LMD n'était pas envisagée. Il a précisé qu'au contraire, l'accent serait mis sur l'amélioration continue et l'adaptation de ce système pour répondre aux besoins des institutions membres. De plus, il a encouragé ces établissements à accélérer leur transition vers la numérisation.
Au cours des exposés, le Secrétaire Permanent du CA-ISTATS a fait le point sur la mise en œuvre du LMD, en abordant les contraintes et défis rencontrés, ainsi que l'importance de l'Assurance Qualité (AQ) comme moyen de prévention des crises au sein des établissements supérieurs. Il a expliqué que l'AQ peut jouer un rôle crucial en favorisant un climat de travail apaisé :
« La promotion des établissements reste la première préoccupation du CA-ISTATS... Les moyens financiers devraient être orientés vers la formation des étudiants et le bien-être du personnel des établissements... Le système LMD s’en porterait mieux dans vos établissements. » - Pr. A. Yenga
Le Pr. Yenga a également salué les efforts du Directeur Général de l'ISC Kisangani, point focal du CA-ISTATS dans le Grand Nord, pour avoir investi dans la construction d'infrastructures.
Le Pr. Way Alege, Directeur Général de l’ISEAV à Aru, a partagé son expérience personnelle en matière de résolution des conflits. Il a réussi à apaiser les relations au sein du comité de gestion grâce à la formation du personnel comptable à un logiciel spécialisé. Le Conseil de l’Institut a été mis sur pied pour contrôler l’ensemble des opérations financières, y compris celles diligentées par Directeur général. Depuis, toutes les dépenses sont numérisées et méticuleusement suivies.
Un autre point crucial soulevé par le Secrétaire Permanent concerne la réticence de certains enseignants à se soumettre à l'évaluation de leurs cours par les étudiants. Il a expliqué :
« L’étudiant n’évalue pas votre diplôme ni votre expertise. Il évalue votre efficacité par rapport aux cours... Donc, ça n’a rien à voir avec la remise en question de vos compétences. » - Pr. A. Yenga, SP/CA-ISTATS
Par ailleurs, le Conseiller financier du CA-ISTATS a discuté de la gouvernance des établissements, de la gestion financière au sein du CA-ISTATS et des nouvelles dispositions concernant la collecte des quotités. Cela a suscité des réactions de la part de deux participants, qui ont mis en lumière une inégalité dans la répartition des ressources.
Le premier a questionné : « Pourquoi, au lieu de 85%, l’État ne rétrocède-t-il que 15 % des minervaux payés par les étudiants. Le second s’est interrogé comment les établissements pourraient se développer lorsque l’Etat impose plus de 50 % de quotité sur les frais académiques. Il a demandé au CA-ISTATS de plaider auprès du gouvernement national pour que cette quotité soit réduite à moins de 50 %. Tous deux ont souligné qu'il est inacceptable que les étudiants, en tant que contributeurs, soient si peu desservis par leur propre investissement.
État des lieux de la coopération dans les ISTATS. Le Pr. Simon Kayoyo, conseiller à la coopération et à la planification du CA-ISTATS, a évoqué la situation actuelle de la coopération au sein des établissements. Il a appelé les établissements à ne pas compter uniquement sur les revenus générés par le minerval et les frais académiques :
« Dans les établissements, on se rend compte que les besoins dépassent les moyens. Nous encourageons la coopération à plusieurs niveaux : soit entre les ISTAT, soit avec des organisations privées, soit avec des institutions internationales. Le CA-ISTATS vous assure de son soutien dans ce sens. » - Pr. S. Kayoyo, Conseiller/CA-ISTATS
Dr John Tubudi, expert en numérique et professeur à l’Université de Kolwezi, a abordé les enjeux liés à la numérisation dans les ISTATS ainsi que la collecte de données numériques. Selon lui, la numérisation permettra aux établissements d'accroître leur visibilité à l'échelle mondiale et d'améliorer la qualité de leurs rapports. Le conseiller scientifique du CA-ISTATS a également parlé de l'état des lieux du patrimoine des ISTATS et de l'organisation du 3ème cycle au sein de ces établissements.
De manière générale, la mise en œuvre du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les ISTATS fait face à plusieurs défis, tels que la résistance au changement et le manque de compétences numériques chez les enseignants. Ce système, qui privilégie une approche centrée sur l'étudiant, souligne l'importance de l'apprentissage actif et de l'évaluation continue. Toutefois, cette approche n'est pas toujours bien accueillie par les partisans des méthodes d'enseignement plus traditionnelles.
Les participants à l'atelier de Kisangani ont souligné l'importance de cette initiative. Une étudiante en 3ème Licence à l’ISC Kisangani a exprimé sa satisfaction, tout en notant qu'il reste encore beaucoup à accomplir. Bien qu'elle n'ait jamais étudié dans l’ancien système, elle a observé qu'autrefois, le stage durait trois mois, alors qu'il est désormais fragmenté en plusieurs périodes de quatre jours, ce qui est insuffisant pour préparer de manière adéquate les étudiants.
Elle a également relevé que, faute de maîtrise du système d'enseignement par crédits, certains enseignants accusent un retard dans leurs cours, tandis que d'autres peinent à s'adapter aux outils informatiques. La situation est similaire pour de nombreux étudiants. L'étudiante a confié éprouver des difficultés à utiliser les outils numériques, simplement en raison du manque d'ordinateurs.
Ces préoccupations rejoignent celles de Thérèse Bosambi, agent à l’ISC Kisangani, qui s'est interrogée sur la qualité de la connexion Internet dans les régions éloignées, notant que même à Kisangani, la connexion est souvent défectueuse. Or, dans le cadre du système LMD, l'enseignement par crédits est un élément central qui structure les parcours académiques et facilite la mobilité des étudiants.
Les défis à relever sont considérables. Selon les orateurs, il est essentiel de fournir des formations adéquates, un soutien technique, et de créer un environnement propice pour permettre aux enseignants de s'adapter aux exigences du système LMD.