Sous la houlette de son recteur actuel, le Pr. Deogratias Kimenya, l’Université de Kindu se transforme. Aspirant à jouer un rôle central dans la paix sociale et le développement local, cette institution repose sur une gestion collégiale et rigoureuse, respectant scrupuleusement les cadres légaux et réglementaires en vigueur. Cette approche vise à mobiliser l’ensemble des acteurs du milieu universitaire autour d’un objectif commun : le bien-être de la communauté.
Le professeur Deocratias Kimenya souligne une difficulté majeure : l'absence de soutien de l'État congolais dans le fonctionnement de cette institution publique. Actuellement, l'université fonctionne sans frais de fonctionnement, d'intervention économique ni d'investissement. La charge financière repose entièrement sur les parents et les étudiants eux-mêmes. Seuls les étudiants à jour de leurs paiements académiques peuvent assister aux cours, ce qui engendre une problématique significative de déperdition scolaire, déplore le recteur de l'Université de Kindu. Il ajoute qu'annuellement, l'établissement enregistre une perte d'effectifs variant entre 1 000 et 2 000 étudiants, correspondant à ceux qui ne parviennent pas à valider leur année en raison du non-paiement de leurs frais.
Depuis sa création, l’Université de Kindu s'est engagée dans une mission claire : devenir un acteur de changement au sein de son environnement. Sa gouvernance s'articule autour de quatre piliers fondamentaux, à savoir la promotion de la paix, l’encouragement de la cohésion sociale, l’implémentation d’une gestion collégiale et l'adoption de pratiques de bonne gouvernance. Ces principes directeurs visent à renforcer la responsabilité sociale de l'institution tout en assurant la participation active de divers parties prenantes.
La mise en place d'une équipe de direction collective encourage les échanges d’idées entre enseignants, étudiants et administrateurs. Cette méthode collaborative permet d’enrichir les processus décisionnels, d’accroître la transparence et de favoriser un climat de confiance au sein de l’université.
En 2005, le Centre universitaire du Maniema devient l’Université de Kindu, mais il faut attendre 2011 pour que le chef de l'État de l'époque, Joseph Kabila, signe l'ordonnance établissant officiellement lUniversité de Kindu. Cette création intervient après la construction de bâtiments modernes pour accueillir l’université, dont les travaux ont débuté en 2008.
Répondant aux critères d'une institution universitaire, l’Université de Kindu accueille près de 6 000 étudiants et propose six facultés. Ces facultés incluent la médecine et le droit, qui ont été établies dès sa création en 1993, la faculté des sciences sociales, administratives et politiques (FSAAP), ainsi que des facultés dédiées aux sciences agronomiques, aux sciences économiques et de gestion, et à la psychologie et aux sciences de l'éducation. Cette dernière supervise également la faculté de lettres, qui est en gestation mais fonctionne actuellement avec le département des sciences de l'information et de la communication. Ce dernier est sur le point de délivrer ses premiers diplômes de licencié en communication pour l'année académique 2023-2024, comme l’a déclaré le recteur de l'institution, le professeur Deocratias Kimenya Musailwa, lors d'une interview informelle avec des médias de Kisangani le mercredi 7 août 2024.
Les enseignements sont dispensés par 22 professeurs, soutenus par des enseignants invités provenant des universités de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et de l’Université Pédagogique Nationale (UPN).
Au cours de sa première année de gestion, ce quatrième recteur a réussi à :
- accroître les effectifs des étudiants au point que les auditoires sont constamment bondés,
- restaurer la confiance des étudiants envers leur université,
- poursuivre la construction d'une polyclinique dédiée à l'université,
- mettre en place plusieurs projets, notamment un accord de partenariat avec l’Université de Kisangani et l'UPN pour l'organisation en co-tutelle du troisième cycle, ainsi que la création de trois écoles doctorales déjà opérationnelles dans huit domaines ciblés par le cadre normatif institutionnel du LMD,
- adhérer au Conseil interuniversitaire de la communauté des établissements des États d'Afrique de l'Est (IUCEA),
- créer des cellules d'assurance qualité,
- consolider le système LMD,
- respecter les textes légaux et réglementaires, y compris le respect des calendriers académiques,
- militer pour la régularisation des rémunérations du personnel,
- établir un cimetière moderne dénommé « Nécropole Via Nova », un cimetière à usage mixte destiné à toute la communauté de Kindu,
- ouvrir l'université au monde à travers la signature de partenariats avec des universités en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et au Brésil,
- déployer une centaine de chefs de travaux et d'assistants à l'Université de Kisangani pour le troisième cycle.
Fondée en 1993, l’Université de Kindu a débuté son parcours avec la mission de former des citoyens responsables et engagés. Au fil des ans, elle a su s'adapter aux défis socio-économiques de son environnement. Ses initiatives, allant de l'enseignement supérieur à des programmes d'engagement communautaire, illustrent son rôle dynamique et son engagement envers le développement local.
L’Université de Kindu se classe comme la quatrième université publique de la République Démocratique du Congo, après l’Université de Kinshasa, l’Université de Lubumbashi et l’Université de Kisangani. L'histoire de sa création est singulière. Tout débute à Kisangani en 1990, lorsque le regretté professeur Pierre Lokombe Kitete, alors enseignant à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, convie chez lui des professeurs, assistants, chefs de travaux et quelques étudiants originaires du Maniema pour proposer l'idée de fonder cette université. Trois ans plus tard, le 17 juin 1993, le Centre Universitaire du Maniema est établi, bénéficiant d’un statut d'institution publique, toujours grâce au travail acharné du regretté professeur Pierre Lokombe Kitete.
Malgré les obstacles rencontrés, tels que les crises politiques et économiques, l’université a su maintenir le cap. Aujourd'hui, elle aspire non seulement à offrir une formation académique de qualité, mais également à promouvoir des valeurs de solidarité et de résilience au sein de la communauté.
En somme, l’Université de Kindu ne se contente pas d’être un simple établissement d’enseignement supérieur, mais se positionne comme un véritable catalyseur de paix et de développement social. À travers une gouvernance éclairée et engagée, elle porte l’espoir d’un avenir où l'éducation joue un rôle fondamental dans la construction d’une société unie et prospère. L'Université de Kindu, avec son approche innovante et participative, se profile ainsi comme un modèle de référence pour d’autres institutions et un phare pour les générations futures.
