Prof Nicaise Amundala Drazo : « Personne ne sait où se cache le coronavirus »

Covid-19 est une réalité et non un mythe : + de 8 000 morts et + de 200 000 cas dans le monde à ces jours. Une pandémie qui n’épargne aucun continent, de l’Asie en Afrique en passant par l’Europe, les Amériques, l’Océanie. L’Afrique qui semblait bizarrement épargnée, selon une observation de la radio France internationale, voit ses pays pris dans la tourmente du coronavirus.  Si les pays développés peinent à contenir le fléau, qu’en seraient-il des pays africains connus pour leur système de santé démuni ? Pour faire avec ce qu’on a trois organisations de la société civile de Kisangani ont lancé l’alerte dès avant le premier cas en RDC.

RDC. Kisangani, mars 2020. Ni le serpent, ni le pangolin n’est à l’origine du coronavirus que l’OMS appelle covid-19. L’hypothèse des scientifiques chinois ne s’est point confirmée. Bref, selon Nicaise Amundala Drazo, Coordonnateur de Action pour le Droit et la Restauration des Ecosystèmes  (ADRE), « la situation reste d’autant plus inquiétante que personne ne sait où se cache le coronavirus », même si l’on sait que les premières infections se comptent parmi les animaux. Pendant ce temps, la pandémie se propage dans plus de trente pays africains, parmi lesquels la République Démocratique du Congo, le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Sénégal, l’Egypte, le Soudan.

Alors que faire ? Le professeur Nicaise recommande le lavage des mains, le port des masques de protection qui couvrent le nez et la bouche, de bien cuire sa viande et ses œufs, d’éviter les foules et les contacts avec les animaux sauvages… Et à Roger Angoyo, chercheur au Centre de Surveillance de la Biodiversité (CSB) de l’Université de Kisangani, de distribuer des masques aux étudiants, au professeur et à son assistant. « Si des taxi motos portent le masque, à plus forte raison des universitaire », les a-t-il interpellés.

A Jean Fundi Kiparamoto, le chargé de communication du CSB, de recommander à l’assistance d’être à l’écoute de la presse pour suivre l’évolution de la pandémie et découvrir ce que font les autres pour se protéger. La sensibilisation a été organisée par le CSB, ADRE et C.E.A.E.M.E.C.

Le coronavirus n’est pas un mythe

Il convient de faire attention aux fausses informations véhiculées par les radios trottoirs et les réseaux sociaux pendant que les médias du monde annonçaient à mi mars 2020:

  • En Afrique du Sud, la suspension du championnat national ;
  • Au Maroc, la suspension des vols européens ;
  • Au Sénégal, la fermeture des crèches, écoles et universités et l’annonce des poursuites judiciaires contre les diffuseurs de fausses informations ;
  • En Italie, la fermeture de toutes les écoles et le confinement à domicile ;
  • En France, dans son discours à la nation le 16 mars 2020, le président Macron dit « faire la guerre » au virus en invitant tous les Français aux respects des mesures de riposte ;
  • En RDC, quatre cas confirmé au 17 mars ;
  • Au Rwanda, Soudan, Kenya voisins, des cas confirmés également…

Des statistiques indiquent que du 22 janvier au 17 mars 2020, le virus a fait plus de 200 000 cas et plus de 8 000 morts. Plus de 170 pays sont touchés, dans l’ordre : Chine, Italie, Iran, Espagne, Corée du Sud, Allemagne, France, USA, Suisse, Nouvelle Zélande, Royaume Uni, suivis des pays africains au bas de l’échelle.

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Défi pour la RDC

Avec 23 cas et 1 décès confirmés ce 22 mars, la RDC se trouve face à un défi de taille. Comme beaucoup d’autres pays africains, la RDC est connu pour son système de santé démuni. Les récentes mesures du chef de l’Etat de notamment fermer crèches, écoles, universités, bistrots, bars, lieux de culte, divisent l’opinion.

Si les uns y voient un début de précautions, d’autres s’interrogent sur les capacités du pays à faire face au coronavirus déjà parvenu sur son territoire et à retarder la survenue de nouveaux cas. D’autres Congolais encore prédisent l’hécatombe, d’autres s’en remettent à Dieu. Pour d’autres encore, advienne que pourra.

La vitesse et l’intensité avec lesquelles le virus se propage dans les pays développés pourraient servir de leçon aux pays africains. Les exemples de l’Italie et de la Chine renforcent l’adage selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir.

Contrairement à la RDC, l’Italie est un pays développé et l’un des meilleurs systèmes de santé en Europe. En plus, le peuple italien compte parmi les plus disciplinés. Cela n’a point suffi à éviter le malheur. Peut-être que l’Italie et la Chine auraient dû au tout début miser sur la prévention.

Quels médicaments contre le covid-19 ?

Le chloroquine soignerait le covid-19, peut-on lire des journaux citant le président américain, Donald Trump. Celui-ci n’aurait que relayer l’option des scientifiques américains qui auraient essayé avec succès la chloroquine sur certains malades. Une firme allemande serait sur la piste d’un vaccin. Mais si vaccin il y aurait, ce serait dans les douze mois à venir. A cela s’ajoute les médicaments de la radiotrottoir : une cure d’alcool, des feuilles de manguiers, la prière intense.

Bref, les scientifiques sont divisés et commenceraient à s’en remettre à des médicaments déclassés faisant montre, d’une certaine manière, à leur impuissance face à un virus qui met le monde entier à genou. Pour une Afrique démunie, le recours se résumerait en première instance à se prémunir, c’est-à-dire à faire tout pour ne pas attraper le covid-19. C’est le propos qui tienne route dans le contexte actuel.

Peuvent sauver le lavage des mains et port de masque

Voici que la santé publique recommande à nouveau le lavage des mains en plus du masque. Puisque le coronavirus présente des symptômes comme ceux de la grippe et peut se contaminer autrement. Jusque-là, l’on pensait que le coronavirus se transmettait uniquement par la voie respiratoire. Désormais, le seul port de masque ne suffit pas.

Le lavage des mains reste donc d’actualité. Le geste fut vulgarisé pour la première fois lors des premières épidémies de choléra à Kisangani il y a presque vingt ans. Depuis, la Santé publique et ses partenaires techniques et financiers (PTF) le recommandent vivement pour se prémunir contre le choléra, la MVE (Maladie à virus Ebola) et tout récemment le coronavirus.

Lors des ateliers fin 2019, l’UNICEF et la Division Provinciale de la Santé/Tshopo (DPS) l’ont recommandé aux professionnels des médias, aux enfants et aux habitants de la cité de Bafwasende, chef-lieu du territoire portant le même nom à 230 km au nord-est de Kisangani, en province de la Tshopo.

Se lave-t-on correctement et régulièrement les mains, l’installation de postes de lavage a-t-elle été adopté à l’entrée des édifices et des services ? Les questions ont été posées à un expert de santé publique.

 « Que non », car, avait clarifié Alphonse Biselenge, chargé de surveillance et communication à la DPS, «  il y a bien loin entre mouillage, ce que l’on fait toujours, et lavage des mains ». Dans ce dernier cas, il faut se laver au savon en se frottant six fois pendant au moins une minute sur les paumes, le dos des mains, les côtés, entre les doigts et les deux pouces.

Quant aux masques de protection, ça rend laid, mais il faut bien s’y habituer. En Chine où le coronavirus a commencé et dans les pays européens, les masques sont en vogue, santé oblige. Attention ! Le covid-19 continue à tuer… en attendant un probable vaccin annoncé par une firme allemande d’ici 12 mois…

Jean Fundi Kiparamoto

Date de dernière mise à jour : samedi, 11 avril 2020