Ebola, violences sexuelles, sida au menu d'un atelier de formation des journalistes boyomais

Le 27 et 28 décembre 2019, une quarantaine de journalistes boyomais a bénéficié d’une formation sur la MVE (Maladie à Virus Ebola) et les dix-sept FPE (Pratiques Familiales Essentielles) liées au bien-être du couple mère-enfant. Avec l’appui financier de l’UNICEF et en collaboration avec GAJ Reporters, la formation a été organisée par la DPS (Division provinciale de la Santé) à Kisangani, au centre kimbanguiste Saio.

L’atelier s’est achevé sur plusieurs recommandations dont « une production journalistique abondante et de qualité en fond comme en forme », avait insisté Ernest Mukuli, formateur du jour et consultant en communication à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Les participants se sont interrogés et ont raffolé le débat sur le fait que toute la province de la Tshopo n’est pas vaccinée, qu’Ebola l’épargne encore et qu’à sa dixième apparition en RDC, l’épidémie semble cette fois s’éterniser à Beni, dans le Nord-Kivu, alors que, une fois combattue dans d’autres villes congolaises et pays africains, le virus d’Ebola n’est plus réapparu.

Les questions des journalistes ont relaté le manque d’une bonne information sur l’épidémie et les pratiques familiales essentielles. « Le nombre et la nature des questions posées par les participants nous donnent raison d’avoir organisé une telle formation », s’est félicité Sylvain Kazadi, Assistant en communication à l’Unicef.

Bien d’autres sujets ont raffolé les débats autant pendant les exposés que lors des questions-réponses. Il s’agit des violences sexuelles, de la santé du couple mère-enfant comme du bien-être de ce dernier. Des sujets que Dr Alphonse Biselenge, Chargé de Surveillance épidémiologique et Communication à la DPS a développé dans le premier module en dix-sept Pratiques familiales essentielles.

Le deuxième module, Ebola, c’est quoi, présenté par Ernest Mukuli, a circonscrit la maladie dans le temps et dans l’espace en insistant sur sa définition, ses modes de transmission et comment s’en prémunir. Le formateur a insisté également sur l’engagement collectif pour lutter contre la dixième réplique et des plus virulentes en République Démocratique du Congo. Pour le journaliste Alexis Balingi, à l’occasion formateur, parler ainsi de l’épidémie permet aux journalistes d’anticiper les nombreuses questions que se pose le public.

Le troisième et dernier module du premier jour a été présenté par Melchior Mapio Asobee, membre l’Equipe de Communication. C’est en fait des messages modèles en lingala dont pourraient s’inspirer les journalistes dans la sensibilisation du grand public.

Au premier jour, le complément d’informations sur la matière a été possible grâce à Dr Tatiana,  déléguée du Ministère national de la Santé en province de la Tshopo.

Les questions essentielles

La majorité des participants a avoué l’avoir appris pour la première fois : Si Ebola n’existe pas encore dans la Tshopo, « c’est parce le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux prennent des mesures pour réduire les risques », avait répondu Docteur Alphonse Biselenge, chargé de surveillance et communication à la DPS. Au nord-est de Kisangani, l’une à Bafwasende, 232 km, et l’autre à Nyanya, 340 km, les barrières épidémiologiques servent à observerl’observation et à la surveillance des contacts, des alertes et des mouvements des personnes, des zones touchées par Ebola à la Tshopo.

Si la Tshopo demeure une province à risque c’est parce qu’elle se trouve aux portes des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu où jusqu’au 28 décembre 2019, le virus a déjà fait plus de 3000 morts. Ebola est une épidémie à portée internationale et dont le coût dépasse la bourse du pays. C’est ce qui explique les arrivées répétées des experts du monde dans le pays.

Si cette fois-ci Ebola dure plus longtemps et tue plus que les fois passées en Afrique et dans le pays, c’est dû à la résistance des populations dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. « Auparavant, des hommes armés n’ont jamais attaqué une radio sensibilisatrice et les centres de traitements comme à Beni et Butembo », avait justifié Ernest Mukuli. Or, sans l’engagement communautaire, « toute action pour stopper Ebola est nulle », avait renchérit Sylvestre Kazadi. En plus, Beni reste la plus grande des agglomérations atteintes depuis  la première apparition d’Ebola en 1976 à Yambuku dans la province de l’ex Equateur, au nord-ouest de la RDC.

La transmission de la maladie à virus Ebola se résume en cinq S (sperme, sang, salive, sueur, selles). Tout cela en plus ou moins vingt et un jours. Mais attention, on peut en mourir dès le quatrième jour d’infection et voire brusquement. La contamination devient plus dangereuse d’un malade que d’un homme mort d’Ebola, c’est-à-dire lorsque le virus, incapable de survivre, doit chercher à migrer vers une personne en vie.

Au sujet des pratiques familiales essentielles, une mère guérie d’Ebola doit faire attention à ne pas allaiter le bébé. Car même après la guérison, le virus se réfugie dans le sein de la femme pendant trois cents jours et dans le sperme de l’homme pendant 900 jours.

Les journalistes ont encore appris la différence entre le mouillage et le lavage des mains. Dans ce dernier cas, il faut se laver les mains au savon en les frottant six fois pendant au moins une minute sur les paumes, le dos des mains, les côtés, entre les doigts et les deux pouces. Le lavage reste un moyen efficace de se prémunir contre Ebola.

Toujours à propos des PFE, il convient de lutter contre les mariages précoces, c’est-à-dire avant dix-huit ans révolus. Le mariage précoce implique les violences sexuelles et peut aboutir à l’infection du sida par la jeune femme.

D’autres PFE renvoient au calendrier des femmes en âge de procréer, de 15 à 49 ans et celui des enfants de 0 jour à 12 mois qui s’administre en 5 phases: 0 jour- 6 – 10 et 14 semaines et 9 mois, en principe, ou 12 mois en cas force majeure. Le vaccin se donne gratuitement et, pour être efficace, doit être suivi correctement sur la base d’une carte vaccinale dont la mère doit se munir en toute occasion.

Parmi les vaccins cités, l’on trouve BCG, VAR, VAA, PCV13 et antitétanique. Ils sont destinés à immuniser le couple mère-enfant contre le tétanos et l’enfant contre notamment la méningite, la polio, la rougeole, la tuberculose, la fièvre jaune.

Ce qu’UNICEF et la DPS attendent des mass médias locaux

Les organisateurs espèrent qu’Ebola et les PFE occupent une place de choix dans les articles, journaux et émissions de sorte que, mieux informé, le grand public s’engage davantage dans la prévention et la riposte contre la maladie à virus Ebola. De l’avis de Sylvain Kazadi, « les journalistes devraient impliquer les enfants de GAJ Reporters  pour éclairer l’opinion publique contre la montée des rumeurs». Pour y parvenir, la formatrice Maguy Libebele avait mis à la disposition des journalistes le module intitulé « Stratégies, techniques et approche de communication 2019 ». Bref, les organisateurs en appellent à la responsabilité sociale du journaliste pour agir dans la communication des risques.

Jean Fundi Kiparamoto

 

Date de dernière mise à jour : samedi, 11 avril 2020