RDC. Journée nationale de l’arbre, 5 décembre 2022.

Plusieurs organisations environnementales de Kisangani ont la journée nationale en plantant symboliquement un arbre. SOS Nature (Solidaires et Organisés pour Sauver la Nature) a choisi de montrer des arbres hauts vingt-mètres sur le site de Makonga. Depuis sa fondation en 2005, soit en 20 ans d’activisme, l’association chère au professeur Jean-Rémy Makana restaure près de 800 hectares de terres déboisées  à l’est de la RDC dans les provinces du Bas-Uélé, de l’Ituri, du Nord-Kivu et de la Tshopo.

A l’occasion de la journée, le professeur Jean-Rémy Makana, fondateur et président du Conseil d’Administration de SOS Nature, rappelle le rôle combien important de l’arbre: (photo)

« En cette ère où l’humanité vit sous la menace du changement climatique, l’arbre joue un rôle capital dans la vie de l’homme. Il nous procure de l’oxygène et de la nourriture. Il contribue à nettoyer l’atmosphère de dioxyde de carbone qui cause le réchauffement climatique globale. Il fournit un habitat à d’autres êtes vivants : C’est donc pour toutes ces raisons et bien d’autres non mentionnées ici que SOS Nature plante les arbres et encourage les gens à planter des arbres. »

Basée à Kisangani, SOS Nature travaille avec plus de quarante activistes bénévoles recrutés parmi les étudiants et les universitaires dont des sociologues, écologistes, biologistes, agronomes. Lorsqu’il vient à manquer une certaine expertise dans le tas, l’association fait appel à des personnes extérieures. Les portes sont ouvertes à toutes les catégories de personnes. Du coup, tout appui financier est une occasion de donner des tâches rémunératrices aux bénévoles.

Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, l’urbanisation prend de l’ampleur depuis les années 2000 et avec elle des constructions anarchiques requérant de plus en plus de bois pour cuire les briques, des pans de forêts environnantes pour installer des quartiers, du bois de chauffe et du charbon pour pallier le manque d’électricité. La résolution des problèmes d’habitats et d’énergie a conduit à d’autres problèmes. Le besoin de reboisement se faisant sentir dans le reste des provinces, c’est dans ce contexte que le professeur Jean-Rémy Makana créa SOS Nature essentiellement en vue de restaurer les milieux dégradés. A l’agriculture itinérante sur brûlis, SOS Nature oppose ici l’agro foresterie par la culture des cacaoyers sous l’ombrage et, là, le reboisement A côté de ça, il y a la recherche scientifique et l’agro foresterie.

La tendance générale étant de ne reboiser que l’intérieur des provinces, le site de Makonga est l’expérience de reboisement la mieux réussie en milieu urbain. Se trouvant au bord du fleuve Congo, le site de Makonga avoisine la commune de Kabondo et le quartier Cimestan (Cimenterie de Stanleyville) dans la commune de Kisangani  au sud de la ville de Kisangani.

 

 

 

 

 

C’est quelques 20 hectares d’acacias et de terminalia superba Là même où, témoigne le coordonnateur Charles Balekage, se trouvait de la brouillasse suite au déboisement opéré depuis plusieurs années par les habitants des communes précitées. Ce qui, rappelle Charles Balekage, a amener l’organisation à montrer aux gens que même en ville ils ont besoin d’arbres :

« Ici, nous promouvons deux espèces d’arbres, les acacias et les terminalia superba dits Limba en langue locale. Nous les avons choisis parce que les résultats sont faciles à trouver. Ces arbres produisent du bois de chauffe et du charbon ainsi que du bois pour la construction des maisons. Mais aussi protéger contre les vents violents. »

Il faut noter que l’administration foncière s’est affaiblie depuis la survenue des conflits armés en RDC. La redistribution des terres s’est faite depuis au détriment de la survie des arbres. Des particuliers achètent les espaces verts pour construire. La coupe des arbres est quotidienne.

Du coup, de l’ancienne ville de Stanleyville, luxuriante aux rues bordées d’arbres, on ne voit qu’une ville de Kisangani totalement décoiffée. Kisangani est décrite comme une ville en ruine. On est loin de la Perle du Congo des années 60-70 avec ses rues luxuriantes bordées d’arbres.

C’est à peine que des initiatives depuis dix ans replantent des acacias aux bords de certaines rues et des rares terminalias sur les deux campus de l’Université de Kisangani. On peut voir une rangée d’acacias sur une partie d’un seul côté de l’avenue Munyororo, qui passe devant l’université en allant vers l’aéroport de Simisimi.

Mais aussi sur l’avenue Kithima devant la Faculté des Sciences au sud de la ville. Pareil sur le boulevard Lumumba, qui traverse le Plateau Boyoma au nord bordé des palmiers royaux plantés en novembre 2020. Avant Makonga, c’était difficile donc de contrebalancer le déboisement systématique causé par l’érection des nouvelles cités. Pour cette dernière raison, le professeur Jean-Rémy précise le sens du travail abattu par son association :

« Les plantules sont aussi distribuées gratuitement aux personnes qui en veulent et aux écoles. Préserver des arbres en milieux urbains permet de conserver une certaine vie animale (oiseaux, papillons, etc.) dans nos milieux de vie. Si la population s'approprie ces initiatives, on peut arriver à planter assez d'arbres pour qu'ils contribuent aussi à séquestrer et stocker le carbone pour atténuer le réchauffement climatique. »

Selon Charles Balekage, la première activité avait eu lieu les années 2006-2007 dans la province du Nord-Kivu. Une société d’exploitation industrielle de bois avait demandé de reboiser une partie déjà exploitée de sa concession.

La plus grande activité jamais réalisée par SOS Nature avait été réalisée dans la concession de l’entreprise d’exploitation de bois ENRA sur une terre déboisée que les habitants avaient achevé de dégarnir. SOS Nature l’a fait à titre exemplatif au sujet des techniques de restauration des milieux dégradés avec le limba (nom local de l’espèce terminalia superba) particulièrement dans le territoire de Beni. L’espèce fournit du bois d’œuvre et des poteaux pour porter les câbles électriques.

ll s’est ensuivi le reboisement de 700 hectares dans le Bas-Uélé entre 2017-2019. L’association avait été payée par une société minière, Kibali Goldmines (Mines d'or de Kibali) pour accompagner un projet d’appui à la filière cacao à l’ombrage des arbres au profit des communautés locales dans les territoires de Watsa et de Faradje sur un terrain destiné au départ à l’exploitation de l’or. Il s’agissait de convertir des creuseurs d’or artisanaux.