Café presse - Mepad

Regards croisés sur la défense des droits et devoirs des journalistes à Kisangani

par Jean Fundi Kiparamoto

dscf6624ok.jpgC’est le sujet du café presse, une sorte de salon, où l’ONG MEPAD (Média pour la Paix et la Démocratie), a l’habitude de réunir les acteurs politiques et ceux de la société civile pour discuter des questions d’actualités. Le café s’est tenu au lendemain d’une conférence de presse, le 29 mai 2012, où le coordonnateur du CSAC (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a suspendu Sébastien Mulamba et Mbuyi Mukadi, deux journalistes de Kisangani News qui venaient d’être relâchés de prison, après avoir publié un article mettant en cause Awenze Makiaba, alias 48, élu député national de la circonscription de Kisangani.

  • Des réponses ont été apportées par les orateurs aux questions suivantes :
  • Quelles limites y’a-t-il entre vie privée et vie publique ?
  • La loi sur la liberté de la presse en RDC n’a-t-elle pas été taillée sur la mesure des autorités ?
  • La loi prévoit-elle d’arrêter deux journalistes pour un même délit de presse ?

 A quoi les orateurs (Pierre Kibaka de la société civile, juge Bompengo du Tribunal de Grande Instance, Kuda du CSAC) ont répondu en évoquant la loi sur la liberté de la presse et le code pénal congolais :

  • Exemple de limite entre vie privée et publique : « la culotte du gouverneur n’est pas un sujet de presse, en l’évoquant que chercherait à faire un journaliste, si c’est sa vie privée d’être en culotte chez lui ». Toutefois, a précisé-t-elle juge Bompengo, certaines fonctions vous interdisent formellement de vous comporter d’une certaine façon en vie privée. Le cas d’un magistrat qui tomberait régulièrement en cours de route par ivrognerie pourrait entamer sa crédibilité sur le plan professionnel.
  • La loi sur la liberté de la presse ne s’accommode à aucune autorité, sauf que quand l’on cible des individus dans un article, l’on oublie les conséquences. Ce cas est caractéristique des organes de presse que des gens utilisent pour se régler des comptes ?
  • Deux journalistes d’un même organe peuvent se faire arrêter (art. 28 du code de procédure pénale) s’ils ont concouru à la rédaction d’un article controversé.

En fait, le juge Bompengo a tenu à explique que la loi sur la liberté de la presse est spécifique aux journalistes, mais que le code pénal, général, se saisissait automatiquement de toute diffamation quand bien même celle-ci concernait aussi la loi spécifique.

C’est ainsi que pour Pierre Kibaka, l’on ne sait « qui est journaliste et qui ne l’est pas ». Pour Gilbert Risasi de l’OMEC (Observatoire des Médias Congolais) « le pouvoir devrait dépénaliser les délits de presse ». Et aussi longtemps que les délits de presse évoqués en l’art. 74 de la  loi portant organisation de la liberté de presse n’est pas abrogée, il est de l’intérêt des professionnels des médias d’être sage.

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021