Franck Moka, du Rap engagé mêlé des sonorités congolaises…

Franck mok iiKisangani, 27 novembre 2018, concert à l’Espace Ngoma. « Je ne suis pas Dieu », dans la chanson, le rappeur s’adresse au peuple congolais à propos de la voix intérieure. Rumba, soukouss, sebene, mutwashi qui vous invitent à la danse, des sonorités qui se profilent sur la propre musique de l’artiste comme tout à l’heure sur le podium de l’Espace Ngoma, lorsque le rappeur annonce entre deux chansons : « puisqu’il n’y a que mes rêves qui comptent, je vous invite à la danse ». Le public s’éclate aux sonorités exclusivement sebene avec Djey Tempo (batterie), Samuel Ngilinga (basse), Roger Mambembe (guitare), Force Kis Peter Besango (claviers), Merdi Mafuta (guitare).

« Ca n’a rien à voir avec Dieu, ça n’a rien à voir avec le diable. Nous avons la possibilité de juger ce que nous pouvons poser comme acte », moralise-t-il lors d’une interview accordée au Journal Karibu après le concert. Il se dit étonné de voir les gens justifier tout par la volonté de Dieu ou le sort du diable. Au sujet de l’invitation à la fête, le rappeur s’explique : « mais lorsqu’on suit bien cette chanson, parler de la fête, c’est ironique au fait… ». Après on a aussi la réalité de la musique congolaise « qui, à un moment, nous rend amnésiques par rapport à notre situation ».  Puisque malgré tout l’on ne peut se priver de « faire la fête », la question reste de savoir : « Comment avoir une musique dansante qui fait penser en même temps », conclut Franck Moka.

Franck Moka vit et travaille à Kisangani.

Il commence le rap à la fin des années 90 et devient l’alter ego de Pasnas, un autre rappeur de la ville, qu’il a depuis accompagné en studio et sur scène au Congo, au Rwanda et en Europe. Plusieurs rencontres importantes marquent son parcours : Philipp Kroll, leader de Texta en 2009, Gaël Faye à Kigali en 2013 ou le rappeur burkinabé Smockey qu’il assiste lors d’une résidence de création à Kisangani en janvier 2014.
Franck développe et programme sa propre musique depuis plusieurs années et présente son travail régulièrement au Congo (Kisangani, Lubumbashi), mais aussi à Johannesburg et à Düsseldorf en Allemagne.

Interprète et performeur, il joue dans Highway to Heaven / Paradise Road de Hlengiwe Lushaba.

En 2015, il signe avec Dorine Mokha et Dinozord Nzela ya Mayi, présenté à Berlin au Hebbel Theater, une coproduction Pamoja-Studios Kabako. Franck a aussi été sélectionné en 2015 pour faire partie du Watch & Talk programme au Zürcher Theater Spektakel à Zürich. En 2016, il joue et compose la musique de Entre deux 2 : Lettre à Guz de Dorine Mokha, présenté à Maputo et Ouagadougou (Biennale Danse l’Afrique danse !). L’année suivante, il est l’un des interprète de Oh Boyoma de Elia Rediger, présenté en première à Berne en juin dernier, une production du Konzerttheater. Il est à l’affiche de Not Another Diva…, la dernière création de Faustin Linyekula et Hlengiwe Lushaba et collaborera à la prochaine création de Dorine Mokha.

Par Jean Fundi Kiparamoto

Date de dernière mise à jour : vendredi, 07 décembre 2018