Province Orientale - Une immense province oubliée

Une province en éveil?

Huit millions d'habitants sur un cinquième du territoire congolais, la Province orientale est immense, c'est la plus grande de RD Congo. Frontalière de l'Ouganda, du Sud Soudan et de la République centrafricaine au nord et à l'est, elle est encadrée par l'Équateur à l'ouest, le Nord-Kivu au sud-est, le Kasaï-Oriental et le Maniema au sud. Elle est couverte aux 3/5 de sa superficie par la forêt et traversée de nombreux cours d'eau. Mais une forêt livrée à l'exploitation sauvage souvent en complicité avec l'administration publique.   
C'est la seule province du pays où l'on parle le kiswahili et le lingala en plus du français. La région regroupe les grands groupes ethniques qui se sont métissés : les Pygmées ou Bambute, les Soudanais, les hamites et les Bantous majoritaires. Malgré d'abondantes richesses naturelles, la province Orientale, jadis 3ème pool économique de la RDC, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Guerres,  conflits inter ethniques, milices armées, crises politiques, et mégestion ont eu raison de  ses nombreuses plantations d'hévéa, de café et de cacao, de ses usines agroindustrielles très actives, de ses ports et de ses voies ferrées. Tout est en ruine.
A l'intérieur, les routes n'existent presque plus et des districts sont enclavés, pour la plupart desservis par des motos, vélos ou des pirogues. Jusqu'en 2003 la région était pratiquement coupée du monde. Les bateaux pour Kinshasa ont repris, trois cents km de route Kisangani – Buta, dans le Bas Uélé, cent vingt cinq km de route Kisangani au port d’Ubundu ont été réhabilités, huit cents km de la Route Nationale 4 ont été refaits en 2008, et relient désormais Kisangani à Beni, Bunia au Nord Kivu et à l’Ouganda. C'est le poumon économique de la province d'où arrivent les produits manufacturés, les motos, les produits vivriers… et qui permet de vendre à l'Est l'huile de palme aujourd'hui, avec le bois, sa principale ressource. Elle est aussi riche d'or, de diamants et de bois. Au nord de la province, le manque de routes et l'insécurité qui continue à régner entretenue par les groupes armés (à Mabasa, Ituri) et le problème des éleveurs Mbororo, minent la paix sociale.
Kisangani, la capitale de la province, est la troisième ville de la RD Congo. Elle compte environ un million d'habitants. Située à 1700 km à l'Est de Kinshasa à cheval sur le fleuve Congo. Totalement isolée pendant les guerres. Le centre ville s'est trop peu modernisé ces dernières décennies. Les maisons et immeubles laissés par les Belges dominent encore le centre-ville. Même si certaines sont refaites comme la Place Saïo, nombres d’entre elles, occupés par les services administratifs, sont en état de délabrement avancé. Cependant, une vague de villas, d’hôtels poussent un tout petit en ville et beaucoup plus dans le reste de la ville, initiées par des particuliers. Toutes les infrastructures économiques, en particulier les nombreuses usines, sont rouillées et abandonnées. Quelques axes du centre ville de Kisangani sont en cours d’asphaltage et les axes dans les communes en cours de réfection. L’eau potable et l’électricité n’étaient disponibles que dans les quartiers laissés par les colons. L’adduction s’étend à des nouveaux quartiers. L’électricité aussi. Le barrage hydroélectrique de la Tshopo est passé de 12.3 à 19.3 mégawatts avec l’appui de la Coopération Technique Belge.

Depuis février 2013, le gouverneur élu incarne un nouveau leadership. Un accent particulier est mis sur la gestion transparente des recettes publiques. Deux guichets uniques de perception fiscale ont été créés à Kisangani et à Bunia par la Direction provinciale des recettes de la P.O. (DRPO), elle-même en cours de réforme. La Province a racheté la sucrerie de Lotokila – la première récolte de riz dans le domaine s’élève à 65 tonnes - et cherche des partenaires pour la relancer. Peut-être le redémarrage tant attendu de la population…
Jean Fundi Kiparamoto 

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021