Province Orientale - les médias en lutte contre les violences sexuelles

Journalistes de Kisangani : à l’école du genre

p9271749.jpgUne première à Kisangani, C-Change (en anglais, changement de comportement) prépare une vingtaine des journalistes à la lutte contre les violences sexuelles, au cours d’un atelier en résidence, du 22 au 27 septembre 2013.
Les journalistes ont reçu un "guide de planification des ressources", une sorte de canevas, qui leur a recommandé pour "une information complète, valorisée, nécessaire et suffisamment traitée".  Pour  les Professeurs Aimé Kayembe et Philippe Ntonda, formateurs venus de Kinshasa, l'atelier vient résoudre un certain nombre de problèmes dont le peu d'intérêt accordé par les média aux informations liées au genre, aux violences sexuelles et à leur relation avec les ist/sida. L'information est d'autant nécessaire que la population est menacée de mort en province. Les statistiques de la Division provinciale du genre révèlent 3865 victimes de viols en 2012 sur une partie seulement de la province.
Et pourtant, comme l'ont souligné tous les formateurs, les violences et leur relation avec les ist/sida sont une question de sécurité, de développement, des droits de l'homme et de société. "Une raison de produire davantage d'émissions pour montrer le danger encouru par la société dont on attend un changement de comportement", a renchéri Eustache Dunia, coordonnateur de C-Change en Province Orientale.
Selon le Docteur Olinda, coordonnateur du PNLS (Programme National de Lutte contre le Sida) en Province Orientale, la prévalence du vih en province est maintenue à 4% grâce à la sensibilisation et au traitement médical. Mais le silence des médias sur les ist/sida dues aux violences sexuelles seraient une complicité avec les auteurs des violences.
Toutefois, UCOFEM rapporte des pressions subies par les journalistes. "Dans le camps des faibles, ils redoutent de reveler l'identité des auteurs pour la plupart des gens en uniformes", explique le Professeur Kayembe. La question du genre et des viosex "ne rapportent pas d'argent au même titre que les questions politiques et la publicité". Le journaliste est tenté par le coupage, une pratique qui consiste à se faire payer par la source pour faire diffuser l'information. L'info sur commande accapare l'attention du journaliste. L'autre pression est l'autocensure due à la culture même du journaliste. Pour Eustache, "donner la parole aux femmes autant qu'aux hommes" pourrait contribuer à la lutte. UCOFEM rapporte que seulement 9,5% des femmes des médias ont la parole.

Jean Fundi Kiparamoto

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021