Genre et lutte contre les violences sexuelles - Section Gender - Monusco -

A l'école du genre et de la lutte contre l'impunité des violences sexuelles

genre-calicot-1.jpgOrganisé par la section Genre et Droits humains de la Monusco, ce jeudi 21 juin 2012 dans la salle  Gradi-jeunes à Kisangani. L'atelier avait pour thème "genre et lutte contre l'impunité des violences sexuelles en faveur des acteurs judiciaires" c'est-à-dire les magistrats civils et militaires, les activistes et défenseurs des droits humains, la protection de l'enfant, des jeunes et des femmes. Et selon le modérateur, avec comme objectif "créer un cadre permanent de concertation pour faciliter l'impunité en impliquant et en mobilisant les bailleurs de fonds". Ce qui demande un débat de fonds tel qu'il l'a été avec les exposés de Pierre Kibaka, activiste des droits humains, Me Marie-José Otshumba, le premier président de la Cour militaire de Kisangani et Sylvain Mudimbi de la Monusco.

Il s'est agit de démontrer l'écart entre le droit congolais, notamment le code de famille et le CDF à propos de quoi Pierre Kibaka, du Groupe Justice et Libération, a relevé certains cas de différence tels les 300 jours pour une femme divorcée avant de se remarier alors que l'homme peut le faire au lendemain du divorce; il a ainsi relevé une dizaine des cas dans le code de la famille même et entre celui-ci et le CDF. Pierre pense que "la RDC est championne en ratification des conventions et traités internationaux mais jamais mis en application". Sept ans après la promulgation de la constitution, a-t-il ajouté, il n'est pas concevable qu'il n'y ait pas de loi organique sur la parité pourtant consacrée à l'article 14.

Ce qu'il fallait faire, c'est Me Marie-José Otshumba qui l'a énoncé. Elle a commencé par l'état des lieux sur les violences sexuelles à Kisangani et environs comme quoi la coutume s'érige en frein aux nouveaux concepts de genre, lutte contre les violences sexuelles. Elle a évoqué le mariage par rap encore d'actualité dans une tribu près de Kisangani. A propos de la lutte contre l'impunité, les efforts fournis sur le plan de la justice, de l'insertion sociale et des soins médicaux n'ont jamais été récompensés de la même façon = faut de moyens, la justice n'a pas enregistrés autant des victimes que les hôpitaux et les structures d'insertion psychosociale. Elle a évoqué des statistiques comme quoi les années passées quand l'hôpital avait accueilli 1 000 victimes des violences sexuelles, l'accompagnement sexuel en aura 7 000 et la justice n'en a reçu que 100.

Les défis à relever sont l'éloignement des institutions judiciaires, par ex. un tribunal et 1 parquet à Kisangani pour 300 km à la ronde; faible taux de dénonciation face aux violences commises par les autorités; la pauvreté qui poussent les hommes à prendre de force des femmes trop exigeantes; difficulté pour la justice à déterminer l'âge de la victime et du bourreau mineurs; difficile mobilité des magistrats et des OPJ pour constater et rechercher les infractions; la lenteur administrative de la justice décourage les justiciables; mariage forcé d'une fille violée avec son bourreau; la victime souvent rendue responsable de son viol pour avoir été trop tôt à la source ou pour n'avoir pas pressenti l'intention du violeur…

La justice, pour elle, est ce qui soulage le mieux la souffrance morale d'une victime des violences sexuelles, puisque l'on est loin de s'imaginer ce qu'elle ressent en voyant libre son bourreau et parfois trainant auprès pour le même forfait.

En réponse aux défis à relever, Sylvain Mudimbi du Bureau conjoint des Nations Unies pour les Droits humains a informé l'assistance  d'une somme de 700 000$ obtenue par le plaidoyer de la Monusco pour un programme de soutien au genre et à la lutte contre l'impunité des violences sexuelles, à raison de 200 000$ en faveur des cliniques juridiques en Province Orientale dont la ville de Kisangani, et 500 000$ alloué au ministère national de la justice pour renforcer l'action des institutions juridiques en district de la Tshopo longtemps laissé pour compte par des programmes similaires.

Le 1er président de la Cour militaire de Kisangani s'est réjoui qu'en 2006 le législateur congolais ait élargi la notion de violences sexuelles de 5 à 16 cas et, qu'à ces jours, la cour ait compté 34 cas de plainte à Kisangani et 36 dans le district d'Ituri. Il a précisé que "la démarche de la justice doit s'inscrire dans un contexte pluridisciplinaire en amont et en aval". Toutefois, il craint que la justice soit incapable de juger un mineur de 17 ans puisque la majorité en droit pénal congolais est de 18 ans.

(photos Jean Fundi Kiparamoto) genre-militaire-carrefour.jpg Ngungi Charlotte, responsable de la section Genre/Monusco distribuant des outils de travail genre-1er-president-cour-militaire-1.jpg Le 1er président de la Cour militaire

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021