Filière riz - 12 délégués de la Tshopo - en Tanzanie - Paideco

Le riz tanzanien: quelle leçon pour les Congolais?

riz-tanzanien-1.jpgVoir et comprendre c'est l'objectif de 12 délégués Congolais de la Tshopo en visite de 13 jours (24 juin-6 juillet 2012) chez les exploitants de riz en Tanzanie. La première impression était la bonne organisation des cultivateurs, vendeurs, transformateurs et du gouvernement. "Nous avons vu SACCOS, une banque au milieu du village où l'Etat met de l'argent pour octroyer des crédits aux cultivateurs", a témoigné Stanis Matia, chef de projet Paideco Tshopo. Ces banques leurs permet de vendre le riz au meilleur prix. Les témoignages des 12 sont unanimes sur la bonne politique agricole tanzanienne, notamment l'encadrement des exploitants et la protection de leurs champs ainsi que leur organisation, non en mutuelle, mais en syndicats. Ministère de l'agriculture et paysans ont initié la culture de riz à trois niveaux: dans le bas fond, en savane et sur la montagne. "Imaginez-vous que, faute de pluie abondante, la culture en savane est alimentée par canalisation d'eaux", a renchéri Micheline Mayingidi du CARG (Conseil Agricole Rural de Gestion). Même si les travaux de champs sont individuels, les cultivateurs s'organisent en syndicat, en groupe d'entretien des canaux d'irrigation et pour se former dans le choix de semences, la technique de fertilisation et la lutte contre les maladies du riz.

Les témoignages ont été faits le 19 juillet 2012 à Kisangani. La délégation était composée des producteurs, des transformateurs, des agents du ministère provincial de l'agriculture, d'une vendeuse, d'une représentante de la FEC (Fédération Economique du Congo) et de deux agents de la CTB (Coopération Technique Belge). Ainsi, la délégation s'est-elle visité les autorités du Ministère de l'Agriculture tanzanien, les champs de riz, les activités de transformation de riz, les associations des vendeurs, l'autorité du district. Les délégués ont eu des entretiens à tous les niveaux.

La salle a été très animée après les exposés. Les participants, pour la plupart agronomes et journalistes, ont été choqués, à leur dire, que la Tanzanie soit mieux organisée. "C'est un problème de production. Il fallait amener un expert d'entre nous voir l'utilisation des semences en Tanzanie", s'est indigné le directeur de SENASEM. Depuis plus de 6 ans, SENASEM (Service National d'Amélioration de ses Semences) fournit de la semence améliorée aux paysans, mais sans production suffisante pour les consommateurs. "C'est un problème d'organisation. Tout y est en province, mais nous produisons mal", a rétorqué Jules Likunde. Pour Gisèle Liatiyo,'agricultrice et déléguée de Bafwasende (262 km de Kisangani), "à bas les théories agricoles". "Nous n'avons jamais vu personne travailler à Bafwasende. Ni agronome, ni moniteur, ni même agent de l'Etat", a-t-elle toné, apparemment choquée par le directeur de SENASEM.

Le village visité, électrifié et fourni en eau sans interruption tous les jours du séjour, se trouve à 80 km de la ville. Ils ont vu des hélicoptères du ministère de l'agriculture exterminer les oiseaux et insectes qui envahissent les champs de riz. Le cultivateur a le choix entre 6 sortes de semences améliorées. Chacune donne 6 tonnes de riz par hectare. Il n'est accordé au cultivateur que 40 ares. Par la suite, des décortiqueuses de type shinyanga, hauts de 3 mètres traitent 3 600 kg de riz l'heure. A côté, les décortiqueuses de fabrication chinoise traite entre 1 500 et 1 800kg l'heure. Le kg de riz se vend l'équivalent de 720Fc contre 1400Fc à Kisangani. Du champ à l'usine, de là au marché, la seule taxe équivaut au prix d'un kg de riz contrairement. "Trop de problèmes: routes de dessertes agricoles, tracasseries, mauvaises infrastructures, manque de crédit, pas d'encadrement des producteurs", a fini par reconnaître le directeur de SENASSEM.

Un participant a voulu savoir si en Tanzanie "il existe ce qu'on appelle TUKULEMBELE (vendre le produit de champ avant la récolte)". Le prix est tantôt 200$, 400$, une moto à 600 ou 800$. Cette pratique appauvrit le cultivateur d'Opala, à 260 km de Kisangani. Pire, celui-ci se charge de la récolte. L'acheteur vient tout simplement amener le riz qui aurait coûté plus. "Selon les cultivateurs tanzaniens, ça se fait plus. L'acheteur revendait la récolte au double à un autre acheteur sous les yeux du cultivateur", a répondu Stanis Matia. En effet, l'Etat tanzanien s'implique octroyant des crédits aux cultivateurs pour écouler leur riz au meilleur prix, en exonérant de douane l'importation de toute machine agricole, en maintenant stable les taxes et, pour l'achat des machines, en donnant des crédits à 7% d'intérêt pour 5 ans. Ces machines sont des décortiqueuses, des tracteurs agricoles… Des experts en environnement localisent oiseaux, rats et insectes nuisibles aux champs de riz avant que les hélicoptères du ministère ne les exterminent.

Jean Fundi Kiparamoto (karibunionline.e-monsite.com)

 

photos Jean Fundi Kiparamoto, CLIQUEZ sur la photo pour agrandirpaideco-les-12-riz-tanzanie.jpg Les 12 délégués revenus de Tanzanie paideco-ambiance-12.jpg Discussion houleuse dans la salle

Date de dernière mise à jour : vendredi, 02 juillet 2021